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9788. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Breslau, 21 février 1758.

J'ai bien reçu vos deux dépêches du 27 de janvier et du 7 de ce mois, de la première desquelles j'ai été d'autant plus satisfait que vous y êtes entré dans un détail intéressant, et que vous m'y avez expliqué, d'une manière circonstanciée, des choses que vous n'aviez touchées que légèrement auparavant.1 Pour ce qui concerne le fond du contenu de ladite dépêche, il faut que vous observiez que je ne comprends pas bien quelle serait l'utilité qui en reviendrait à l'Angleterre, si, comme M. Pitt semble le désirer, je déclarais la guerre solennellement à la France. Je n'hésiterais certes pas un moment à le faire, si, à ce moyen, je pouvais me voir plus fort seulement de quelques milliers d'hommes à opposer à la France; mais pareille déclaration n'ajoutant rien à mes forces, pour pouvoir m'opposer avec plus de vigueur aux Français que je ne l'ai fait jusqu'à présent, j'ai bien de la peine à comprendre l'effet que devra produire une telle déclaration de guerre contre la France, pour assister plus efficacement l'Angleterre et la renforcer par là, sans dire que la France s'inquièterait fort peu de semblable déclaration de guerre.

Je dois, d'ailleurs, vous faire remarquer que je ne saurais envisager que comme une mauvaise défaite, si on venait à soutenir là où vous êtes qu'on ne devait envoyer des troupes anglaises sur le continent qu'au cas que les Hollandais se déclarassent, puisque la chose, considérée en elle-même, paraîtrait être prise un peu de travers, la situation dans laquelle les Hollandais se voient actuellement, ne leur permettant pas de se déclarer, avant qu'ils ne se voient soutenus, et qu'autant qu'ils ne pourront point compter là-dessus, ni ne verront une armée en force à portée de les soutenir, ils balanceront toujours à se déclarer.

Au demeurant, il m'est absolument impossible de comprendre pourquoi on ne devrait pas faire entrevoir aux ministres anglais la situation de mes affaires telle qu'elle est au moment présent. Je pense plutôt qu'il faut se conduire d'une manière toute ouverte avec ses alliés, sans leur en imposer en rien; l'invasion que les Russes viennent de faire encore de la Prusse, n'est d'ailleurs plus ignorée de personne, et par conséquent j'aurais tout-à-fait mauvaise grâce de vouloir en faire un mystère au ministère britannique.2

Nach dem Concept.


9789. AU FELD-MARÉCHAL DE KEITH.

Breslau, 21 février 1758.

Mon cher Maréchal. J'ai reçu les trois lettres que vous m'avez dépêchées le 17 de ce mois. Je suis bien aise de ce que mes ordres



1 Vergl. S. 244. 245. 253.

2 Vergl. S. 253.