<290> connaissez, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bon et tout affectionné cousin

Federic.

Je pars dans quelques jours pour le siège de Schweidnitz.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.


9824. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

Breslau, 6 mars [1758].

Ma très chère Sœur. Vos lettres me font un sensible plaisir, j'y vois la continuation de cette amitié qui m'est si chère et si précieuse; mais permettez que je vous gronde un peu. Vous craignez trop, ma chère sœur, et des infâmes qui prennent plaisir à vous alarmer, vous intimident. Ayez, je vous en conjure, bon courage; vous n'apprendrez que de bonnes nouvelles. Voilà les Français chassés du Brunswick et de l'Hanovre, et à présent tout est en train pour les chasser de la Hesse et de la Westphalie. Je ne serai pas surpris de les voir en trois semaines au delà du Rhin, et peut-être l'armée de Soubise également au diable. Notre situation devient de jour en jour meilleure, et il ne faut que cette campagne pour remettre toutes choses en dû et bon état. Les hommes sont méchants, il est vrai; mais ils l'ont toujours été : il faut prendre le monde tel qu'il est et tâcher de se conserver bon parmi les méchants, ne point s'affliger de choses nécessaires et tâcher de distraire les pensées tristes qu'un sang épais ou une mauvaise digestion envoient au cerveau. Je vous demande mille excuses de la liberté que je prends de vous gronder; mais c'est que je m'afflige de vous voir triste, que je voudrais que vous ajoutiez moins foi aux contes borgnes qui courent l'Empire, et que vous vous mettiez dans une situation tranquille. Vous n'avez jusqu'à présent pas le moindre lieu de vous alarmer, tout va à souhait. Si les choses vont autrement, je vous avertirai de tout; mais, par Dieu, ne croyez point des nouvelles que mes ennemis ont intérêt de répandre, ruses dont ils useront pendant cette campagne plus que jamais. Enfin, ma chère sœur, laissez me démêler avec mes ennemis et m'inquiéter de mes ennemis, sans encore me donner des angoisses pour votre personne, et n'affligez pas un frère qui vous aime, par vos inquiétudes qui vous rendront malade.

Soyez persuadée que la tendresse, la haute estime et la reconnaissance que j'ai pour vous, ne finiront qu'avec ma vie, étant, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Ma sœur de Schwedt se remet tout-à-fait de sa maladie.1

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



1 Vergl. S. 157. 222.