<292> comme vous paraissez le soupçonner vous-même. Au surplus, je n'ai rien à dire contre le sieur Yorke, dont j'ai appris à connaître les talents et les bonnes intentions pour la cause commune par la façon dont il s'est conduit sur son poste en Hollande;1 mais tel ministre anglais qu'on m'enverra, je ne saurais jamais m'empêcher de lui dire librement et naturellement ce que je crois indispensablement convenir au bien de la cause commune, au soutien absolument nécessaire des États du Roi en Allemagne par les secours de la Grande-Bretagne, et pour ne pas abandonner à la merci de nos ennemis communs les affaires de l'Allemagne. Ce que vous pouvez bien insinuer convenablement aux ministres.

Federic.

Nach dem Concept.


9827. AU ROI DE LA GRANDE-BRETAGNE A LONDRES.

Breslau, 6 mars 1758.

Monsieur mon Frère. J'envoie mon conseiller privé le sieur de Knyphausen à la cour de Votre Majesté,2 avec des commissions qui, j'espère, ne Lui seront pas désagréables. Je La félicite des heureux succès que Ses troupes ont eus contre les Français. Un détachement de cavalerie jointe à l'armée du prince Ferdinand, et un corps séparé commandé par mon frère Henri ont coopéré à cette expédition. Votre Majesté apprendra dans peu que la Hesse est libérée de même, et que les Français s'enfuieront du côté du Rhin. Mais, après ces heureux commencements, je La supplie de penser sérieusement à fortifier Son armée. Elle peut faire sans peine une augmentation de quelques mille hommes dans Ses troupes, le landgrave de Hesse et le duc de Brunswick en feront sûrement autant de leur part, et alors Elle n'aura non seulement rien à appréhender d'une nouvelle invasion, mais Elle pourra même inspirer du respect à Ses ennemis.

Votre Majesté saura sans doute que les Russes se sont emparés de la Prusse, et qu'il? se préparent à m'attaquer avec deux corps, l'un par la Poméranie, l'autre ici en Silésie. Dans ces circonstances, je serai obligé de retirer toutes mes troupes de l'armée du prince Ferdinand pour pourvoir à ma propre défense.3 Elle a vu, par ce qui se fait actuellement, les marques de ma bonne volonté et du désir que j'ai de Lui être utile; mais je me dois à mes peuples également, mon premier devoir est celui de les défendre, je dois y déférer et surtout les délivrer de la cruelle et barbare domination d'une nation féroce et inhumaine.

Je suis avec les sentiments de la plus haute considération, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Staatsarchiv zu Hannover. Eigenhändig.



1 Vergl. S. 92. 165.

2 Vergl. Nr. 9828, auch S. 210 unten; S. 230. Anm. 1.

3 Vergl. S. 218. 250.