<305> La manière dont les Français viennent d'être chassés, doit naturellement faire changer de mesure aux Autrichiens pour leur plan d'observation. Comme il m'est impossible de le deviner à présent, je ne saurais vous rien dire, sinon que votre armée doit défendre la Saxe, empêcher l'ennemi d'y pénétrer avant et se borner à cet objet, jusqu'à ce que nous ayons pris Olmütz, où vous trouverez toutes les facilités pour agir. Vous ne négligerez aucune occasion pour nuire à l'ennemi; surtout il faut être attentif à rompre ses mesures d'avance et ne lui point laisser tranquillement exécuter ses projets. Si cette armée est obligée de se retirer, pour se joindre aux Autrichiens, vous aurez de belles occasions pour engager des affaires d'arrière-garde, peut-être aussi des batailles, où vous ne risquez rien, si l'ennemi est obligé de gagner la Moravie. Vous avez les généraux Itzenplitz et Hülsen dans l'infanterie dont vous pouvez bien vous servir; dans la cavalerie, vous aurez Driesen, et j'en enverrai encore quelque bon; ensuite Kleist, de Székely et Belling, qui a reçu vos hussards.1 Accoutumez les cavaliers à la guerre, et commandez toujours d'eux quelques détachements pour soutenir les hussards, mais sous leurs ordres, et non sous celui des officiers de cavalerie. Quant à vos magasins, je les ai placés à Torgau et Dresde, ce qui vous donne la commodité de l'Elbe et vous met en état de vous tourner également vers Bautzen et Freiberg, selon l'exigence du cas. Je vous recommande surtout, quoique vous ne deviez que défendre la Saxe, d'agir toujours offensivement, et si vous croyez que l'ennemi peut vous forcer à vous battre, attaquez-le; mais ne vous laissez jamais attaquer par lui. S'il manque quelque chose d'ailleurs à cette armée, soit médecins ou autres officiers de brigade, vous n'avez qu'à le mander promptement, pour qu'on y remédie à temps. Je vous recommande sur toute chose le soin des pauvres blessés et malades, pour qu'on ait pour eux toute l'attention que méritent des gens qui se sacrifient pour leur patrie.

Voilà à peu près tout ce que je peux vous dire. Je ne saurais entrer dans le détail d'événements futurs; vous savez en gros de quoi vous êtes chargé; pour le détail et l'exécution, je m'en remets entièrement à votre vigilance, sagesse, exactitude et attachement, étant, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

NB. Vous pouvez tirer le général Finck de Dresde, si vous le jugez à propos, et y nommer ad intérim un autre commandant; vous pourrez aussi, en cas de besoin, nommer un officier pour Torgau ou pour quelque autre ville que ce soit, que vous trouverez à propos de garnir de troupes.2

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



1 Vergl. S. 248.

2 Die in den Œuvres (Bd. 28, S. 142) der Instruktion beigefügte „Designation der Generalität“ gehört vielmehr zu dem Schreiben an Prinz Heinrich vom 2. April. Vergl. dieses.