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9974. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Au quartier de Troppau, 30 avril 1758.

Monsieur mon Cousin. Je viens de recevoir les lettres que Votre Altesse a pris la peine de me faire du 20 et du 21 de ce mois, au sujet desquelles je ne saurais assez vous exprimer la satisfaction que j'ai ressentie de voir que nos idées, par rapport à la façon de faire le passage du Rhin, pour chasser les Français de cette rivière-là et leur faire quitter Wésel et Düsseldorf, enfin, pour les rejeter au delà de la Meuse, selon les intentions du roi d'Angleterre, se sont si justement rencontrées, comme Elle aura vu par ma dernière lettre,1 où je me suis expliqué plus amplement à ce sujet. L'entreprise serait excellente, si Votre Altesse passe le Rhin aux lieux qu'Elle marque, et que je Lui ai déjà indiqués dans madite lettre. Les effets en seront merveilleux, car, outre qu'il n'y a pas à douter que les Français abandonneront tout pour courir se recogner au delà de la Meuse, Votre Altesse leur prendra apparemment les magasins à Ruremonde et empêchera en même temps que les Français ne sauraient rien détacher vers l'Allemagne et vers la Bohême, et il est d'ailleurs fort à présumer qu'alors et après ces succès les Hollandais se déclareront pour la bonne cause,2 ainsi donc que ce sera à tous égards une entreprise excellente, si Votre Altesse pourra passer le Rhin. Pour faire ce passage, vous ne pourrez faire aucun usage des pontons, mais il vous faudra plutôt des vaisseaux, pour en faire construire un pont. Pour cette fin, il sera nécessaire que vous rassembliez tout ce que vous pourrez avoir de vaisseaux, et d'en faire même venir du territoire de Hollande, sous différents prétextes et en cachant le vrai dessein auquel vous en voudrez faire usage. En tout cas, j'ai écrit à mon président de la chambre d'Ost-Frise, Lentz, qu'il doit assembler tout ce qu'il„y aura de vaisseaux de l'Ems pour vous les envoyer sur cette rivière, afin que vous en puissiez faire usage.

Me voilà avancé jusqu'ici, ayant gagné plusieurs marches sur le maréchal Daun, de sorte que j'arriverai toujours quelques jours avant lui vers Olmütz, et c'est à présent que je verrai bientôt à quel parti il se determinera.

Au reste, j'ai ordonné à mon chargé d'affaires de Hellen à La Haye3 d'informer soigneusement Votre Altesse de tout ce qu'il apprendra là de nouvelles qui vous sauraient être intéressantes, et qui vous mettront au fait de ce qui s'y passe. Je suis avec toute l'estime et toute l'amitié possible, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bon cousin



1 Vergl. Nr. 9959.

2 Vergl. S. 405.

3 Dies ist in dem jetzt nicht mehr vorliegenden Immediaterlass an Hellen vom 30. April geschehen, wie sich aus Hellen's Antwort vom 13. Mai ergibt. Auf dem Marsche nach Mähren ist ein grosser Theil der Cabinetspapiere verloren gegangen.