9682. A LA PRINCESSE GOUVERNANTE DES PROVINCES-UNIES A LA HAYE.

Breslau, 11 janvier 1758.

Madame ma Cousine. Les sentiments d'amitié que Votre Altesse Royale m'a toujours témoignés,164-5 me sont de sûrs garants de la part qu'Elle aura prise à mes derniers succès, et la confiance qu'Elle a su m'inspirer, m'engage à Lui ouvrir mon cœur sur la situation avantageuse où les affaires se trouvent dans le moment présent, et sur les espérances flatteuses que j'ai lieu d'en concevoir pour l'avenir. Je suis après à me concerter avec le roi d'Angleterre sur les opérations de la campagne prochaine, et il ne tiendra certainement pas à moi qu'elle ne soit aussi vigoureuse qu'elle doit l'être, pour assurer la liberté de l'Empire et pour rétablir la tranquillité de l'Europe. J'espère que les Suédois se verront bientôt dans la nécessité d'en venir à une paix séparée, qui, en me débarrassant d'un ennemi de plus, me mettra en état de faire de nouveaux efforts pour la cause commune en général et pour l'armée alliée en particulier.164-6 C'est là un objet que je ne perdrai jamais de vue, et Votre Altesse Royale peut compter que je ferai tout ce qui sera humainement possible pour fortifier et épauler cette armée, autant que les circonstances pourront me le permettre.

Il serait bien à désirer que la République voulût profiter de ces mêmes circonstances pour agir en conformité de ses véritables intérêts et pour arrêter les vastes projets qui menacent sa liberté et son indépendance. Elle pourrait le faire en augmentant dès à présent ses<165> troupes de terre,165-1 et cette seule résolution suffirait peut-être pour inspirer des idées de conciliation aux cours de Vienne et de Versailles. Ce serait, d'ailleurs, le parti le plus convenable à la gloire de l'État et à l'avantage de la religion protestante, et le zèle que je connais à Votre Altesse Royale pour tout ce qui intéresse le bien public, me fait espérer qu'Elle ne négligera aucun des moyens qui pourront conduire à un but si salutaire.

Animé des mêmes sentiments, Votre Altesse Royale peut être persuadée que la République trouvera toujours en moi un ami sincère et disposé à la soutenir dans toutes les occasions, et je serai charmé en particulier de pouvoir donner à Votre Altesse Royale et à Sa maison des preuves de cette amitié inaltérable avec laquelle je suis, Madame ma Cousine, de Votre Altesse Royale le très affectionné cousin

Federic.

Nach dem Concept; von der Hand des Grafen Finckenstein.165-2



164-5 Vergl. Bd. XIV, 554.

164-6 Vergl. S. 160.

165-1 Vergl. Bd. XIV, 554.

165-2 Eichel hatte, Breslau 11. Januar, den Grafen Finckenstein gebeten, das Schreiben an die Prinzessin von Oranien und den Cabinetserlass an Hellen (Nr. 9683) zu entwerfen, „da ich mich dergleichen délicate und importante Expedition alleine zu fertigen, nicht stark noch routiniret genug zu sein erachte.“