9873. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Grüssau 30 [mars 1758].

Mon cher Frère. Vous pouvez croire que je suis fort réjoui des bonnes nouvelles que vous me marquez, surtout de l'infâme fuite des Français.334-2 Voilà, grâce au hasard, un flanc en sûreté, le Ciel pourvoira au reste. Vous saurez, mon cher frère, que vous avez encore 6 bataillons à votre disposition à Berlin.334-3 J'ai ordonné qu'ils s'équipent de tout ce qui leur faut, et dès qu'ils auront tout ce qu'il leur faut, vous pourrez les faire marcher en Saxe. J'ai accepté l'offre de cet officier français de Brunswick,334-4 et dès que son bataillon sera rassemblé, je le ferai venir ici en Silésie.

Aujourd'hui, la tranchée s'ouvrira devant Schweidnitz, il n'y a pas eu moyen d'aller plus vite. Nous sommes fort tranquilles ici derrière nos retranchements de glace et de neige. Cependant, ils commencent à fondre. Mais cela ne m'inquiète pas le moins du monde.

Votre liste de l'armée autrichienne est fausse; j'y trouve des généraux morts et prisonniers sur l'ordre de bataille, ce qui n'est pas vraisemblable. L'armée autrichienne est tout au plus 35 à 40,000 hommes de troupes régulières, et je vous réponds que, dans peu, l'envie leur passera de faire trois corps d'armée.

Il y a un libertinage parmi mes officiers des gardes du corps horrible;334-5 il y en a cinq ou six qui font les malades. II faut absolument, mon cher frère, que je fasse un exemple; cela est honteux que ces gens,<335> au lieu de faire leur devoir, fassent les malades, tandis que tout ce qu'il y a d'honnêtes gens, combattent pour le salut de la patrie. Quel exemple, si, au lieu de les punir, ces gens avançaient! Jugez vous-même de l'effet que cela ferait sur d'autres jeunes officiers peut-être aussi lâches qu'eux. Il faut des punitions, après quoi le reste pourra se faire. Je vous aime, Dieu sait, de tout mon cœur, mais vous sentirez vous-même que, dans la situation où je me trouve, il faut redoubler de sévérité dans la discipline pour obliger chacun à faire son devoir.

Je suis obligé de partir incessamment pour Liebau. Je vous embrasse de tout mon cœur, vous assurant de la tendresse et de la haute estime avec laquelle je suis, mon cher frère, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



334-2 Der Prinz meldete, Leipzig 25. März, die Franzosen hätten Hameln verlassen und rüsteten sich zum Abzüge aus Cassel. Der Präsident Bessel zeige aus Duisburg ihm an, es seien bereits 12 Regimenter bei Wesel über den Rhein zurückgegangen.

334-3 Vergl. S. 317.

334-4 Ein verabschiedeter französischer Officier, der sich in Braunschweig aufhielt, wünschte ein Freibataillon zu errichten. Es muss du Verger gemeint sein, dem der König durch Cabinetserlass, Grüssau 30. März 1758, die Errichtung eines Freibataillons überträgt.

334-5 Der Prinz hatte von neuem gebeten, den Lieutenant von Kalkreuth von den Gensdarmen ihm zum Adjutanten zu geben. Vergl. S. 318.