9884. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.343-7

Grüssau, 2 avril 1758.

Mon cher Frère. Je suis bien aise de vous savoir à Dresde; quoique nous soyons en quelque façon rapprochés, cela n'empêche pas que l'absence ne soit longue, et qu'elle ne le devienne encore davantage par la nécessité des conjonctures. Voilà, mon cher frère, un grand ennemi343-8 de moins, mais il nous reste encore bien de la besogne, pour laquelle il faut du bonheur, et vous savez que l'on ne fait rien sans Fortune.

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Mes généraux me lanternent fort avec ce siège de Schweidnitz, ce qui me fait perdre du temps. Fouqué est à présent sur le flanc de l'ennemi;344-1 mais les chemins sont si impraticables qu'il est impossible à nous, comme aux ennemis, d'avancer. Ils fortifient leur camp de Kœniggrsetz, où ils ont fait transporter 27 grosses pièces d'Olmütz. Si vous n'avez pas besoin là-bas de recrues, je vous prie de me les envoyer ici, où nous en avons grand besoin.

Ce que je vous ai écrit touchant les Cercles,344-2 n'a été que conditionnel, autant que cela pouvait être faisable. Je ne crains pas ces gueux réunis avec d'autres, mais je crains qu'ils voudront paraître dans un endroit où personne ne se trouvera vis-à-vis d'eux. Si ce n'est pas d'abord, par la suite du temps il se présentera bien une occasion où l'on pourra les renvoyer le pied au cul. En attendant, mon cher frère, je vous écrirai toutes les visions qui me passent par la tête, ne vous assujettissant à rien qu'à ce que vous trouverez faisable.

Je vous envoie ci-joint la liste des officiers généraux qui serviront sous vous;344-3 il y en a beaucoup de prisonniers; dès que l'échange sera achevé, je pourrai vous en envoyer quelques-uns. Vous avez encore Jungkenn344-4 et Salmuth dont vous pouvez vous servir, de même que Wietersheim. Salmuth passe pour un bon officier,344-5 du moins il conduira bien une brigade à l'ennemi. Quant aux lieutenants-généraux, je m'en trouve si pauvre que je n'en ai que trois ici: Treskow qui assiège Schweidnitz, Retzow dont je ne puis me passer,344-6 et mon frère Ferdinand. Il faudra en venir à une promotion, et, selon toutes les apparences, les aînés d'entre les généraux y auront la moindre part.

J'ai les hémorroïdes blanches, ce qui ne m'accommode guère; cependant, à présent, je suis en état d'aller et d'agir comme un autre, et l'on m'assure que j'aurai repos pour tout ce qui s'appelle coliques pendant six mois. Il faut le croire et aller ni plus ni moins, quoi qu'il arrive.

Ayez la bonté de faire partir de Torgau, de Wittenberg et de Dresde tous les reconvalescents, pour peu qu'ils puissent rejoindre l'armée. H faut nous remettre en force et nous recompléter le plus tôt possible.

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Adieu, mon cher frère, je vous embrasse de tout mon cœur, vous assurant que je serai jusqu'au tombeau avec une parfaite estime, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



343-7 Die Berichte des Prinzen Heinrich datiren im April aus Dresden.

343-8 Die Franzosen.

344-1 Fouqué hatte die Oesterreicher aus der Grafschaft Glatz verjagt und wendete sich nun gegen die rechte Flanke des bei Braunau stehenden Feindes. Vergl. S. 325. 328. 330. 336. 345. In einem Schreiben an Fouqué vom 2. April befiehlt der König, über Reinerz und der Orten zu erfahren zu suchen, wie eigentlich die österreichische Armee stehe.

344-2 Vergl. S. 321. 328.

344-3 „Designation der Generalität, welche bei dem sächsischen Corps d'armée stehen soll.“ Es sind die Generallieutenants Prinz Heinrich, Itzenplitz, Hülsen, Driesen (der letzte von der Cavallerie); die Generalmajors Asseburg, Grabow, Finck, Bredow, Wietersheim, Jungkenn, Salmuth, Baron Schönaich, Meinecke, Zieten (die drei letzten von der Cavallerie). Vergl. S. 305. Anm. 2.

344-4 Der König schreibt den Namen des Generals gewöhnlich und so auch hier: Jungheim.

344-5 Vergl. S. 207.

344-6 Retzow leitete das Verpflegungswesen der Armee. Vergl. Bd. XV, 341. 354.