9957. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Neisse, 25 [avril 1758].

Mon cher Frère. Je viens de recevoir votre lettre dans le moment que je fais mes dernières dispositions pour mon expédition, c'est-à-dire dans cette agitation qui précède les grands mouvements d'une armée; ceci m'oblige à vous répondre laconiquement, à savoir :

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que j'approuve beaucoup les hauts faits que vous avez chargé Mayr401-1 d'exécuter, sûr qu'il y réussira;

2° que vous pouvez engager les deux Irlandais dans des bataillons francs ou de Hordt ou de celui dont j'ignore le nom, mais qui en lève un du côté de Brunswick;401-2

3° que je me moque des Saxons,401-3 qui craindront et notre canon et notre valeur et la potence, qu'ainsi je ne m'en embarrasse pas;

4° que, quant aux Français, qu'ils pourront expier à Berlin401-4 les brigandages que leurs compatriotes ont commis dans mon pays;

5° le 30, vous aurez à Dresde tout ce que j'ai pu vous envoyer;401-5

6° que nous manquons encore de beaucoup, mais comme nous savons que l'ennemi est dans un plus grand besoin, nous ne laissons pas d'agir.

Adieu, mon cher frère, je vous abandonne toute la Saxe et la Bohême; si l'occasion se présente, profitez-en, sans me demander conseil; sinon, j'espère dans peu de vous la procurer, étant avec bien de l'estime, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.401-6



401-1 Oberst Mayr war beauftragt, die Stadt Suhl zu überrumpeln und die in den dortigen Waffenfabriken befindlichen Waffen fortzunehmen.

401-2 Du Verger, vergl. S. 341.

401-3 Ein Corps von 8—9000 Sachsen sollte in Ungarn stehen.

401-4 Die gefangenen französischen Officiere in Berlin (vergl. S. 204) hatten sich an den Prinzen Heinrich gewandt, um Urlaub nach Paris oder nach Heilbädern zu erlangen.

401-5 Vergl. S. 389.

401-6 Durch ein nichteigenhändiges Schreiben, Neisse 27. April, sendet der König an den Prinzen Nachrichten, von denen eine näher bezeichnet wird: dass „die Sachsen wohl zu denen Reichstruppen stossen dürften“ . Den Lieutenant von Kalkreuth (vergl. S. 334), der „unter dem Prätext von Krankheit“ in Leipzig zurückgeblieben, befiehlt der König in Arrest zu setzen.