9960. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Neisse, 26 avril 1758.

J'ai bien reçu toutes les dépêches que vous et le sieur Michell ensemble et séparément m'avez faites depuis le 7 jusqu'au 12 de ce mois. Je suis très satisfait que vous ayez signé la convention,403-1 et que vous ayez mené les affaires au point que je vous ai ordonné, et que je vois par votre dépêche qu'elles se trouvent présentement. Quant aux compliments à faire de ma part aux ministres anglais de leurs sentiments bien intentionnés qu'ils vous ont déclarés, je ne vous instruis pas, sachant que vous n'oublierez rien à cet égard, et que vous y suppléerez. Pour ce qui regarde les affaires mêmes, je me flatte que nous aurons bien gagné avec ces gens-là, et j'espère que, quand même l'Angleterre ne voudra pas aller d'abord aussi loin qu'il serait à désirer, que nous l'y mènerons par la suite et pas à pas. Quant aux avantages que vous croyez que je retirerai de la convention signée, j'en conviens parfaitement. Pour le moment présent, il sera néanmoins à voir, et vous y veillerez attentivement avec le sieur Michell, si le ministère anglais restera toujours le même sur cette façon de penser où il est à présent; car ce que je veux bien vous marquer pour votre direction seule, c'est qu'il faut que ce ministère continue également, et qu'il soit bien entretenu dans cette façon de penser jusqu'à la paix à faire, et qu'on lui fasse toujours entrevoir que je contribuerais de mon mieux à ce que l'Angleterre trouvât à la paix future ses avantages également que [moi] les miens. Quant aux subsides, je n'en tirerai rien encore, ce qui cependant ne doit point vous empêcher de vous arranger en attendant et de prendre vos mesures de manière, afin que, quand la nécessité m'obligera de recourir à cet argent, j'en puisse tirer d'abord et qu'il puisse<404> être remis alors de la façon la meilleure et la plus prompte qu'il sera possible.404-1

Pour ce qui est des opérations du prince Ferdinand de Brunswick,404-2 j'aurais bien souhaité qu'il eût pu les pousser plus loin encore, mais en considérant, ce que vous ferez aussi comprendre aux ministres anglais, que les Français ont gardé Wésel et Düsseldorf, il aurait fallu que le Prince en marchant sur Wésel attaquât de force, à quoi les troupes sous ses ordres n'ont pas été suffisantes, et il n'a pas eu assez d'artillerie pesante pour tenter ce coup. Que, s'il avait voulu détacher vers Hanau, pour en déloger et chasser les Français, alors les Français auraient pu aisément le prendre à dos par Wésel et Düsseldorf, ce qui aurait eu de mauvaises suites. Que la seule façon que je savais dont ce Prince pourrait chasser les Français entièrement du Rhin, était qu'il tâchât de tourner les Français et qu'il marchât plus haut vers le Rhin et vers les frontières de la Hollande auprès de Schenkenschanz et vis-à-vis de Clèves, pour passer là le Rhin moyennant un pont de bateaux, ce qui obligerait alors les Français de se retirer du Bas-Rhin. Reste à voir si le prince est assez en force pour entreprendre cette manœuvre. Car, selon ce que j'apprends, il doit être encore assez faible en nombre de troupes, et il ne pourra assembler assez de bateaux pour faire le passage du Rhin. Outre ce moyen pour déloger les Français du Bas-Rhin, je n'en vois à présent presque aucun autre. S'il voulait aller en avant vers Düsseldorf, il courrait risque que les Français lui viendraient par Wésel à dos et le couperaient de Münster et de tous les autres lieux de ces environs qui doivent lui fournir des subsistances, dont l'effet ne saurait être que très mauvais et dangereux . . .404-3

Federic.

Nach der Ausfertigung.



403-1 Vergl. S. 379. Anm. 2.

404-1 In gleichem Sinne ergeht am 26. eine Resolution für das „Ministere zu Berlin“ , es soll in den Subsidienangelegenheiten mit Knyphausen und Michell „die besten und convenablesten Arrangements nehmen“ .

404-2 Vergl. Nr. 9959.

404-3 Zum Schluss befiehlt der König, ihm künftig sämmtliche, auch die durch Couriere gesandten, Berichte nur chiffrirt zu schicken. Der gleiche Befehl war, Münsterberg 23. April, an Hellen gegeben worden. Auf die jüngst eingelaufenen Berichte Hellen's hatte der König in diesem Erlass entgegnet: „Je vois clairement que les Hollandais ne voudront se déclarer à rien.“