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10228. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Gorgast, 22 août 1758.

J'ai reçu votre lettre du 19 de ce mois, et je dois vous dire que vous pensez admirablement sur les circonstances présentes des affaires;1 je ne saurais rien y ajouter, si ce n'est que le dessein du général Daun n'est pas probablement de prendre Pirna. Pour l'éviter, il vous restera toujours de prendre le camp de Zehist,2 et l'ennemi pourra en effet bombarder la ville,3 mais il la prendra tout aussi peu que les Russes ont pris Küstrin.

Quant à ce qui me regarde, je compte passer cette nuit ou demain matin l'Oder, et après-demain je tâcherai de combattre l'ennemi. Le dessein de Daun est sûrement de faire marcher Laudon à Berlin,4 pour nous empêcher de passer l'Oder; mais le général Zieten,5 à ce que j'espère, l'en empêchera.

Le capitaine Monjou est fait major et commandera dorénavant le bataillon franc de Chossignon.6

Federic.

Nach dem Concept.


10229. AU MINISTRE D'ÉTAT ET DE CABINET COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.

Gorgast, 22 août 1758.

J'ai bien reçu vos deux rapports du 20 d'août. Je me réfère à ma précédente7 et me bornerai simplement à vous dire qu'au cas que je réussisse ici contre les Russes, le corps de ma cavalerie qui est encore avec l'armée alliée,8 y restera; mais que, si je suis malheureux, il faudra qu'elle retourne à mon armée. Je passerai cette nuit ou demain matin l'Oder et tâcherai de combattre l'ennemi le lendemain.

Federic.

Vous aurez dans peu de jours de mes nouvelles.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.



1 In dem Bericht, Lager von Dippoldiswalde 19. August, setzt der Prinz seine Lage in Sachsen auseinander. Er spricht die Befürchtung aus, die Feinde beabsichtigten, Pirna fortzunehmen, um sich zu Herren der Elbufer zu machen, und fährt dann fort: „Il est certain que tout dépend du succès que vous aurez contre les Russes, et quoique j'aurai très grand besoin ici de cavalerie, cependant je sens bien qu'elle est là-bas encore plus nécessaire, et si un malheur devait nous arriver, j'aime mieux qu'il m'arrive à moi, puisqu'il serait plus tôt à réparer que si la fortune nous était contraire contre les Russes.“

2 Zehist, südl. von Pirna. Vergl. auch Bd. XIII, 358. 365.

3 Pirna.

4 Vergl. S. 178. Anm. 3.

5 Vergl. S. 181.

6 Chossignon (vergl. Bd. XV, 309. 343) war an einer Wunde gestorben. Der Hauptmann Monjou hatte sich in dem Gefecht bei Bassberg (vergl. S. 155. Anm. 5) ausgezeichnet.

7 Vergl. Nr. 10223.

8 Vergl. S. 166.