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Je joins ici une lettre à la margrave de Baireuth,1 vous priant de lui la faire parvenir sûrement.

Je marcherai demain vers Dresde à un mille de la ville, pour couvrir ma marche et empêcher que l'ennemi ne devine mon dessein. Je viendrai à midi à Dresde avec Seydlitz; si rien ne vous en empêche, venez-y aussi; nous pourrons dîner tous trois ensemble et, cela fait, aller et vaquer chacun de son côté à sa besogne. L'on s'explique mieux dans un quart d'heure de conversation que dans six pages d'écriture. Si vous avez un quartier à Dresde, j'y viendrai, et nous serons tous deux tous seuls. Je serai charmé de vous revoir, cela me fera un sensible plaisir; mais ne partez qu'à 11 heures de votre camp. Adieu, cher frère!

Federic.

Das Hauptschreiben nach dem Concept. Der Zusatz eigenhändig auf der im übrigen chiffrirten Ausfertigung.


10303. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

[Gross-Dobritz,] 10 septembre 1758.

Ma très chère Sœur. Voici le premier jour favorable pour moi depuis six mois. Je reçois deux de vos chères lettres, et j'entrevois l'espérance de votre guérison. Ce rayon, tout faible qu'il est, ma chère sœur, me console. L'abscès ouvert et une circonstance que le médecin ajoute, me donnent un nouveau courage; mais, ma chère sœur, que les émotions de l'esprit n'altèrent pas les effets des remèdes, et pour l'amour de tout ce qui vous est cher, tâchez de conserver une tranquillité d'âme intarissable! Nous sommes bientôt à la fin de nos travaux, et, selon toutes les apparences, le bout de cette année le sera de la guerre.

Je suis accouru de ce côté-ci au secours de mon frère, et je crois que ma campagne se terminera dans la Lusace. Le maréchal Daun s'est retiré à Stolpen vers la Bohême, et mon frère a les tonneliers2 et les cercles vis-à-vis de lui.

J'ose ajouter à votre lettre une réponse à Voltaire;3 je ne sais si vous daignerez la lui envoyer, mais tout cela, ma chère sœur, ne m'intéresse que faiblement: votre personne et votre santé sont le principal! En revenant des Russes, pour prendre ce chemin-ci, j'ai vu ma sœur Amélie,4 qui m'a appris que de l'héritage de notre chère mère vous n'aviez pas voulu accepter la porcelaine et me l'aviez cédée : je reconnais à ce procédé votre cœur et vos sentiments; mais cette porcelaine n'en restera pas moins à votre disposition.



1 Nr. 10303.

2 Vergl. Bd. XVI, 8 mit Anm. I.

3 Liegt nicht vor. Der Brief an Voltaire wird erwähnt in den Tagebüchern de Catt's. (Publik, a. d. Preuss. Staatsarchiven XXII, 8. 364.)

4 Vergl. S. 208. Anm. 3. u. S. 217.