<23> que je ne puis me dispenser de vous faire observer, quoique uniquement à vous seul et pour votre seule direction, c'est que, dans toutes ces mesures, il ne s'agit que des intérêts de l'Angleterre seule, sans qu'il en soit aucunement question des miens, et qu'il me paraît cependant que dans de bonnes alliances il faudra observer les intérêts des deux partis qui [les] ont contractées. En attendant, comme l'on ne saurait envisager la France que comme la cheville ouvrière parmi nos ennemis, il est toujours bon, et j'en suis bien aise que l'Angleterre agisse avec vigueur contre celle-là pour humilier son orgueil, et quant au reste, il faut bien l'attendre du bénéfice du temps.

Quant aux détails que vous me marquez relativement aux affaires à régler avec le prince Ferdinand, le duc de Brunswick et le landgrave de Cassel, je vous dirai que, dans l'éloignement des lieux où je me trouve actuellement, et très occupé que je suis à présent par rapport à mes opérations militaires présentes, j'aurais de la peine d'entrer moimême dans tous ces détails; cependant, comme j'ai déjà prévenu en quelque façon le duc de Brunswick sur la nécessité qu'il y a pour sa propre sûreté d'augmenter ses troupes qu'il a parmi l'armée alliée,1 et que d'ailleurs mes ministres écriront d'abord au prince Ferdinand de Brunswick et au Landgrave, conformément à ce que vous proposez dans votre dépêche, je crois que cela ne manquera pas de produire un bon effet. Au surplus, j'approuve les expédients que vous avez proposés pour que le susdit Landgrave soit aidé et soulagé,2 ce qu'il mérite certainement par sa fermeté et à tous égards.

Ce que vous me marquez touchant la confidence que le baron de Münchhausen3 vous a faite touchant la nouvelle tentative que la France a faite auprès du roi d'Angleterre, m'a fait plaisir, aussi pouvez-vous l'en remercier encore de ma part, en lui assurant, comme aux ministres d'Angleterre, si vous le trouverez convenable, que, quelque offre ou proposition que jamais la France ou ses alliés voudraient me faire, je resterais inébranlablement attaché à l'Angleterre et n'écouterais rien, sans en communiquer et me concerter avec elle, et pour ce qui regarde le bruit ou l'avis qu'on prétend avoir là de l'envoi d'un officier général, nommé de Mortagne,4 que la cour de France me dut avoir envoyé, vous pouvez traiter cela comme un conte fait à plaisir et y donner un haut démenti envers tous qui le voudront entendre, partout où vous le jugerez nécessaire.

Le plan pour l'ouverture de la campagne que le sieur Pitt vous a confié pour me le communiquer, m'a paru bien juste et bien pensé, quoique je n'aie pas assez de connaissance locale des lieux les plus



1 Vergl. S. 17. 18.

2 Vergl. Bd. XVI, 72. 372. 391.

3 Vergl. S. 7. Anm. 3.

4 Vermuthlich ist hier der französische General Graf Mortaigne (zuweilen auch Mortagne geschrieben) gemeint; er war einer der einflussreichsten Generale im Gefolge des Grafen Clermont. Vergl. über ihn Stuhr, Forschungen zur Geschichte des siebenjährigen Krieges II, 106 ff.