<249> prince de Soubise à revenir sur ses pas. L'idée est excellente, il faut voir si elle sera bien exécutée.

Wedell doit être aujourd'hui à Berlin. Les Suédois ont eu une émeute dans leur armée: Les Dalécarliens n'ont pas voulu attaquer un poste, où il y avait de mes troupes. Hamilton les a voulu décimer, sur quoi beaucoup de régiments ont pris les armes; ils ont forcé les prisons et sont parvenus à retirer et sauver les coupables. Depuis ce temps, il y a plus de 12 de leurs officiers qui se sont entrecoupé la gorge. L'équité naturelle ne règne donc plus de nos temps que chez les Dalécarliens, et ces gens, tout rustres qu'ils sont, font la leçon des procédés de l'Europe; et quoi, ces nations policées, ces peuples éclairés par la philosophie, ces hommes moux et efféminés sont plus durs, plus injustes et plus féroces que les barbares mêmes? Dans quel temps vivons-nous, mon cher frère ! Les proscriptions des triumvirs, la guerre de trente ans n'a rien fourni de plus affreux, de plus cruel que la guerre que nous avons à soutenir. L'on force nos parents, que dis-je? notre propre sang1 à se déclarer contre nous; la méchanceté de nos ennemis est parvenue à son comble. Quand verrons-nous la fin de tant de perfidies, d'horreurs, de trahisons, de meurtres, d'embrasements, de dévastations et de cruautés?

Mais, je m'arrête là; il n'est pas temps de déplorer nos malheurs, il ne faut songer qu'à y apporter un prompt remède. Nous y ferons ce que nous pourrons, et quoi qu'il arrive, ne doutez jamais des sentiments de tendresse et de la haute estime avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


10337. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.

Schœnfeld, 19 septembre 1758.

J'ai été bien aise de voir ce que votre lettre du 17 m'a appris. J'espère que tout sera présentement tranquille à vos lieux, après que le corps de troupes sous les ordres du général-major Wedell2 sera déjà infailliblement arrivé là.

Quant à nous, on commence à douter qu'on pourra parvenir ici à quelque affaire décisive, vu que, par les arrangements que le maréchal Daun prend, il me paraît que ses ordres sont de ne rien hasarder; et comme le poste où il se trouve, entre Radeburg3 et Bischofswerda, est tel que je ne saurais l'entamer là, il faut que je me borne à le tenir en sorte que, par le manque de subsistance et la difficulté de la mener à son armée, il se trouve réduit de rentrer en Bohême.

Nach der Ausfertigung.

Federic.



1 Der Markgraf und die Markgräfin von Baireuth waren durch Reichsexecution gezwungen worden, ihre Truppen gegen den König zu senden. Vergl. Bd. XVI, 104. 151.

2 Vergl. S. 233.

3 Jedenfalls Radeberg.