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10558. SUITE1 DE LA RELATION DE LA CAMPAGNE DU ROI.2

Dès que M. de Harsch eut levé le siège de Neisse, le Roi poussa le corps du général de Fouqué au delà de la rivière de ce nom. L'ennemi leva aussitôt la blocade de Cosel; il se ravisa depuis et revint pour reprendre la même opération,3 mais le corps qui se rapprocha de la forteresse, en fut chassé avec la perte de son bagage, et l'on fit au delà de 100 prisonniers sur lui. M. de Harsch s'est retiré en Bohême, et M. de Ville se tient dans les environs de Jægerndorf.

L'armée du Roi partit le 8 des environs de Neisse pour retourner en Saxe, où les entreprises des Autrichiens exigeaient notre prompt retour. Pendant notre absence, M. de Daun était marché vers Dresde, dans l'espérance de prendre cette ville d'emblée. Il se campa, le 10, à la portée de canon de cette ville. L'armée du prince Henri repassa l'Elbe et prit son camp du côté de la Porte Noire, tirant vers la hauteur du Weisse Hirsch. M. de Daun fit canonner la ville, et sur ce que ses troupes légères soutenues des grenadiers de son armée voulurent se rendre maîtres des faubourgs de la porte de Pirna et de la porte du Seethor, le gouverneur comte de Schmettau fit mettre le feu aux faubourgs. Cet incendie arrêta les Autrichiens et donna au Roi, au général de Wedell et au comte de Dohna le temps de s'approcher, quoique par des routes bien différentes.

Le projet des ennemis était de s'emparer de Torgau, de Dresde et de Leipzig en même temps et de défendre au Roi l'entrée de la Lusace par le corps de Laudon et par celui du général O'Kelly. Lorsque M. de Hadik s'avança sur Torgau, il en fut repoussé avec perte par le général de Wedell, qui le poursuivit jusqu'aux environs d'Eilenburg. Le comte Dohna le suivit. Ils chassèrent l'ennemi d'Eilenburg, lui prirent une centain ed'hommes, trois canons et du bagage. Le siège de Leipzig fut levé en même temps. Tandis que le Roi poussa les corps de Laudon et d' O'Kelly, qui se retirèrent à Zittau, M. de Daun a levé, le 16, le siège de Dresde, et le Roi y est arrivé le 20. L'armée de l'Empire, aussi bien que celle des Autrichiens, se replient vers la Bohême, et il y a toute apparence que nous touchons à la fin de la campagne.

Voici donc six sièges levés presque en même temps : celui de Colberg par le maréchal Fermor, celui de Neisse par M. de Harsch, celui de Cosel par un Hongrois dont on ignore le nom,4 celui de Dresde par le maréchal Daun, celui de Torgau par M. de Hadik et celui de Leipzig par le prince de Deux-Ponts. L'on peut dire de toutes ces armées formidables qui pendant cette année ont tenu la campagne :

Et la montagne en travail enfanta une souris.5

Nach der eigenhändigen Niederschrift des Königs.



1 Vergl. Nr. 10500.

2 Vergl. Nr. 10557 mit Anm. 3 und 4.

3 Vergl. S. 382. Anm. 2.

4 Es war der Oberstlieutenant Kallinich.

5 La Fontaine, Fabeln V, 10.