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10092. AU FELD-MARÉCHAL DE KEITH.

[Smirschitz,] 25 [juin 1758].

Hier sur les 5 heures, nous avons entendu un terrible feu de canons à Olmütz, nous avons tous cru que l'ennemi avait tenté une sortie; mais comme aucunes nouvelles n'en sont venues, je m'imagine que Dieskau a voulu se divertir aux dépens des ouvrages d'Olmütz. J'envoie en même temps au général Zieten,1 pour l'avertir de rester là-bas jusqu'à l'arrivée du secours de Troppau, ce qui sera après-demain.2

Ici tout est tranquille, et vous pouvez l'être tout-à-fait pour ce qui nous regarde. Adieu, mon cher Maréchal, je vous embrasse.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


10093. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Camp de Prossnitz, 25 juin 1758.3

Mon cher Frère. J'ai reçu une très triste et fâcheuse nouvelle de Berlin, la mort de mon frère, à laquelle je ne m'attendais aucunement. J'en suis d'autant plus affligé que je l'ai toujours tendrement aimé, et que j'ai pris tous les chagrins qu'il m'a donnés,4 comme une suite de sa faiblesse à suivre de mauvais conseils, et comme un effet de son tempérament colère, dont il n'était pas toujours le maître; et faisant réflexion à son bon cœur et à ses autres bonnes qualités, j'ai supporté avec douceur beaucoup de choses dans sa conduite qui étaient très irrégulières, et par lesquelles il a manqué à ce qu'il me devait. Je sais la tendresse que vous avez eue pour lui; j'espère qu'après avoir donné à l'amitié et à la nature les premiers mouvements de votre douleur, vous ferez tous les efforts dont une âme forte est capable, non pas pour effacer de votre souvenir un frère dont l'empreinte doit sans cesse vivre dans votre cœur et le mien, mais pour modérer l'excès d'une affliction qui pourrait vous être funeste. Pensez, je vous prie, qu'en moins d'une année je viens de perdre une mère que j'adorais,5 et un frère que j'ai toujours tendrement aimé; dans la situation critique où je me trouve, ne me causez pas de nouvelles afflictions par le mal que le chagrin vous pourrait faire, et usez de votre raison et de la philosophie comme des seuls remèdes pour nous rendre supportables les maux pour lesquels



1 Vergl. S. 77.

2 Vergl. S. 76.

3 Ein vorangehendes Cabinetsschreiben an Prinz Heinrich, d. d. Lager bei Prossnitz 24. Juni, handelt über den Feldkriegskassenetat des prinzlichen Corps. Für eine noch nothwendige Summe von 308,945 Thlr. sei kein Fonds bereit, dies Geld müsse bei der Contribution im Bambergischen mit eingetrieben werden. Die noch fehlende Fourage vom 15. Juni bis zum 15. October solle aus Böhmen geliefert werden, da in Sachsen nach der getroffenen Convention (vergl. Bd. XVI, 360. 401) nicht fouragirt werden dürfe. Der König spricht die Hoffnung aus, dass der Prinz an den jetzigen Orten bald fertig sein und alsdann mit seinem Corps in Böhmen werde einrücken können.

4 Vergl. Bd. XV, 492.

5 Vergl. Bd. XV, 203. 204. 211. 216. 219.