9997. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Au Quartier de Prossnitz, 17 mai 1758.

J'ai reçu la lettre que Votre Altesse m'a faite du 10 de ce mois.16-3 J'ai trouvé le plan que vous m'y marquez pour faire passer un corps suffisant des troupes au delà du Rhin, si bien disposé, si beau et si excellent qu'il n'y a pas un mot ni à y ajouter ni à y retrancher. Aussi je suis persuadé que tout réussira à votre gré, et qu'il ne saurait manquer que vous n'obligerez par là les Français d'abandonner Wésel.

Comme bien des lettres m'assurent, ce que cependant je ne veux pas encore garantir tout-à-fait d'authentique, que les Saxons désertés autrefois en Saxe de mon service, et qu'on a rassemblés en Hongrie, passeront, sous les ordres du général Dyherrn, après qu'on les a de nouveau enrégimentés, au service de la France et joindront l'armée du prince16-4 de Clermont, je crois, suppose que cela se vérifie, que vous ferez<17> bien de faire disséminer et disperser par des imprimés et des billets par écrit alors des assurances que tous ceux de ces gens qui en reviendront de leur propre gré, auraient leur pardon, et qu'ils ne seraient point punis ni en vie ni par confiscation de leur bien; sur quoi, le cas existant, Votre Altesse pourra même leur faire expédier alors des assurances par écrit : au lieu que tous ceux d'entre eux qui ne profiteront pas de ce pardon, et qu'on prendra les armes à la main, seraient pendus surle-champ. Je suis sûr que cela fera bien de l'impression sur ces gens, et qu'au moins les Français en tireront point ou peu de service.

Je viens d'apprendre qu'à Ratisbonne on a fait une forte remise en argent, au delà de 150,000 florins, de la caisse des Cercles au prince de Deux-Ponts, chef commandant de l'armée des Cercles, à quelle somme [les] états de Cologne et de Münster avaient contribué la plus grande part par les remises en argent qu'ils y avaient faites. Je crois que cette circonstance vous servira d'avis à l'Électeur, et que vous ferez sentir auxdits états le ressentiment qui leur en est dû, afin de ne pas pouvoir plus jeter leur argent au vent.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.



16-3 Vergl. den Bericht bei Westphalen (a. a. O.) S. 365 und 366.

16-4 Der französische Oberfeldherr Graf Clermont war ein Prinz von Bourbon-Condé.