10015. AU FELD-MARÉCHAL DE KEITH.

[Au quartier général de Smirschitz,] 27 [mai 1758].

Mon cher Maréchal. Vous connaissez trop bien les fanfaronnades de l'ennemi pour y ajouter foi. Sibenschein tâchera à tout moment de faire cours des faux bruits,33-3 pour vous tenir sur le qui-vive, mais il n'est pas entreprenant, et dès que la tranchée sera ouverte, tous ces gens seront réduits sur la défensive. Quant à la poudre de Dieskau, je suis étonné qu'il en ait si peu; il devait avoir 4000 centner. Le grand convoi de Neisse doit être le 6 de juin à Troppau, par conséquent le 10 dans votre camp. Ils amènent tout le reste de canons et munitions destinés pour le siège.

Daun a été avant-hier à Gewitsch, à un bon mille de Konitz; jusqu'à présent, il n'y a encore point d'armée à Konitz, mais je bouche tous les trous, pour que les troupes légères ne nous incommodent pas<34> dans nos opérations. J'espère d'y réussir, et au cas que Daun ait ordre de tout hasarder pour dégager la ville, il attendra qu'elle soit pressée à un certain point, avant que de l'entreprendre. Je crois que cela lui sera rendu très difficile, et que peut-être il se fera répéter par plus d'une reprise les ordres d'en venir à cette extrémité. En attendant, je compte que vous aurez 3 ou 4 jours à établir vos batteries, ce qui donnera au convoi le moyen d'arriver pour mettre l'artillerie en état de finir le siège. Nous ne sommes forts nulle part, mon cher Maréchal, mais l'industrie est une grande ressource pour les faibles, et avec laquelle, s'il plaît à la fortune, nous réussirons dans nos entreprises.

Le convoi de farine du bataillon de Kleist est arrivé ici, sans qu'il n'ait vu d'ennemi,34-1 et s'il plaît encore à la fortune, le grand convoi de Neisse arrivera de même. Adieu, mon cher Maréchal, je vous embrasse.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



33-3 Der bezügliche Bericht von Keith liegt nicht vor. Mit „Sibenschein“ ist vielleicht der österreichische General Simbschen gemeint, dessen Namen der König gewöhnlich in dieser Weise entstellt.

34-1 An den Markgrafen Karl schreibt der König, Hauptquartier zu Smirschitz 27. Mai: Da der Mehltransport glücklich angekommen, so brauchten die Bataillone nicht zu marschiren (vergl. Nr. 10013). „Falls der Feldmarschall Daun hierher marschirte, mtisste Ich das Corps vielleicht an Mich ziehen;“ deswegen solle der Markgraf die von seinem Lager bei Neustadt zu der Stellung des Königs führenden Wege im voraus recognosciren lassen, der Weg über Chomotau werde wohl der nächste sein. Schon in einem Erlass vom 25. war dem Markgrafen das Recognosciren der Wege anbefohlen worden.