10043. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.51-5

Quartier de Klein-Latein, 7 juin 1758.

J'ai reçu, mon cher Frère, les lettres que vous avez faites du 21 et 28 de mai,51-6 qui m'ont causé bien de la satisfaction du beau commencement que vous avez fait de vos opérations, et que les choses sont parvenues là où vous me les marquez. Je suis presque parfaitement assuré que, dès que l'évêque de Bamberg et de Würzburg se verront51-7 bien pressés, ils crieront au secours ou ils rappelleront leurs troupes; l'un ou Vautre en arrivera certainement et contribuera beaucoup à ce que<52> les Cercles, au moins pour la plus grande part, adopteront le parti de la neutralité, et qu'en conséquence le chapelet commencera à se défiler. Vous devez être certainement persuadé que la France commence fort à se lasser de la présente guerre, et que les Autrichiens commencent à ne battre plus que d'une aile, et qu'au surplus, les Russes, si ce qu'on m'en marque, accuse juste, se méfient. C'est aussi par de bonnes raisons que je souhaite que vous fassiez ébruiter adroitement en Saxe que l'on pourrait être assuré que nous n'accepterions point autrement la paix, sans avoir une satisfaction éclatante au sujet de la guerre à laquelle l'on nous avait forcés, dût-elle continuer quatre ans encore.

Pour ce qui nous regarde ici, nous continuons à faire le siège d'Olmütz, mais qui, parceque les convois que j'ai fait venir de Neisse, ont un peu traîné, pourrait bien durer quelques jours plus que je vous l'avais mandé,52-1 de sorte que cela pourrait traîner jusqu'au 18 ou au 20 de ce mois. Que cela cependant ne vous inquiète point, car, dès que cela sera achevé et que nous avancerons alors, pour marcher plus au corps des Autrichiens, ils se verront sûrement obligés, soit huit jours plus tôt ou plus tard, de retirer à eux les troupes de Bohême, ce qui vous donnera alors les mains libres pour faire ce que vous voudrez.52-2 Quant aux Russes, nous n'en aurons rien à appréhender devant le mois d'août.

Au reste, le lieutenant-colonel de Belling vient de m'écrire du 19 de mai que, comme le bataillon des hussards qu'il a levé,52-3 était complet et tout-à-fait en état de servir, il s'offrait de vouloir lever encore le second bataillon des gens très propres pour le service dans un temps de trois semaines et de mettre tout en état de servir pendant le temps de six semaines. Je veux bien y donner mon agrément, à moins que52-4 vous, mon cher frère, sachiez fournir, des contributions levées des pays de Bamberg et de Würzburg, non seulement tous les frais nécessaires pour l'uniforme et pour acheter les chevaux avec tout ce qu'il faut d'ailleurs fournir à ce second bataillon de nécessaire, mais que vous sauriez faire payer d'avance des susdites contributions tout à la fois la paye de ce bataillon pour une année entière; car il faut que je vous avoue que je ne saurais rien fournir à toutes ces dépenses ni de la caisse générale de guerre à Berlin, ni de celle du ministre de Borcke.

Ces conditions-là supposées, je veux bien permettre que le lieutenant-colonel de Belling puisse travailler d'abord à lever et à former ce second bataillon, mais qu'il nomme et vous propose aussi tous les officiers qu'il y faut, excepté ceux de l'État-major, que j'y placerai moimême. Et comme il lui sera permis de placer quelques-uns des jeunes officiers de son premier bataillon auprès le second à lever, il faut qu'il<53> s'oblige encore de remplacer ces jeunes officiers des jeunes gentilshommes de la Saxe ou des pays de Gotha, de Weimar ou d'alentour. Vous aurez la bonté, mon cher frère, de faire savoir mes intentions sur tout ceci audit lieutenant-colonel et d'arranger le reste avec lui, selon que vous le trouverez convenable.

Federic.

Nach den Concept.



51-5 Die Berichte des Prinzen Heinrich vom Monat Juni sind datirt am 7. aus Hof, am 20. aus Ratschau, am 25. aus Zschopau (in Sachsen),

51-6 Prinz Heinrich hatte, Taltitz 28. Mai (vergl. S. 3. Anm. 2), gemeldet, dass er zwischen Plauen und Hof an der sächsisch-fränkischen Grenze cantonnire; der General Driesen sei mit 3 bis 4000 Mann in die Bisthümer Bamberg und Würzburg gesandt, er solle den dortigen Bischof (vergl. S. 18) und den Churfürsten von Baiern beunruhigen und sie nöthigen, ihre Contingente von der im nordwestlichen Böhmen befindlichen Reichsarmee zurückzuberufen.

51-7 So! Der Bischof von Bamberg und Würzburg war eine Person. Vergl. S. 4. Anm. 2.

52-1 Vergl. S. 18.

52-2 Vergl. S. 8.

52-3 Vergl. Bd. XVI, 441.

52-4 „A moins que“ wird von König Friedrich und seinen Secretären nicht selten im Sinne von „pourvu que“ gebraucht; das Déchiffré hat pourvu que.