10190. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Quartier Wernersdorf,151-1 8 août 1758.

Mon cher Frère. Je vous fais cette lettre pour vous marquer, quoique dans le dernier secret, lequel je vous conjure de me garder inviolablement sur tout ce que ma lettre comprend cette fois-ci, que je serai demain auprès de Landshut, et que je pense de marcher à peu près le 11, quoique au plus tard, avec 14 bataillons d'infanterie, 33 escadrons de cuirassiers et de dragons et 10 escadrons de hussards, pour être le 15 entre Liegnitz et Glogau et faire là un jour de repos; après je continuerai ma marche, afin de passer le 19 ou le 20 l'Oder et me joindre avec le général Dohna, auquel j'ai déjà détaché d'avance 9 bataillons,151-2 de sorte que cela fera ensemble 23 bataillons que je lui amènerai, avec le susdit corps de cavalerie, au secours. Avec tous ces corps joints alors, je crois que je serai assez en force, pour attaquer l'armée russienne et de la combattre de façon que nous n'aurons rien plus à appréhender de ce côté-là.

Vers le temps que j'arriverai vers le général Dohna, je ferai disséminer le bruit que je me tournerai moi-seul vers les Russes, et que le général Dohna marchera de son côté droit aux Suédois, pour attaquer ceux-ci. Je dois vous en avertir, afin que, quand ce bruit viendra jusqu'à vous, vous l'accréditiez au dehors, mais que, quant à vous-même, vous n'y fassiez guère attention, mon véritable plan vous étant connu. Aussi ledit bruit ne servira, selon mon intention, que pour en imposer aux Suédois, afin qu'ils s'arrêtent quelques jours au moins, pour ne pas avancer en avant, et que nous gagnions cinq ou six jours, avant que les Suédois s'aperçoivent de mon véritable dessein.151-3

Je vous avertis, d'ailleurs, que les Autrichiens détacheront 12 bataillons vers la Lusace, dans le dessein de les faire joindre au prince Charles de Saxe,151-4 qui avec un corps des Russes voudra percer par Crossen dans la Saxe. Mais quand je ferai [ma] marche et que j'aurai chassé les Russes, le dessein du prince échouera de soi-même. Au<152> reste, je vous donnerai encore de mes nouvelles pendant ma susdite marche ... 152-1

Federic.

Nous revenons avec 800 prisonniers que nous avons faits, et nous n'avons perdu que deux hommes de Le Noble.

Nach dem Concept. Der Zusatz eigenhändig auf der im übrigen chiffrirten Ausfertigung.



151-1 Nordwestl. von Starkstadt in Böhmen.

151-2 Vergl. S. 121. 122.

151-3 Der Marsch gegen die Russen, wie er in dem ersten Abschnitt des Schreibens an Prinz Heinrich dargelegt ist, wird, Wernersdorf 8. August, auch an die Minister Finckenstein und Schlabrendorff und an den Generallieutenant Graf Dohna als ein „impenetrables Geheimniss“ mitgetheilt. Den Versuch, die Schweden durch falsche Gerüchte irre zu führen, sollen Finckenstein und Dohna ihrerseits unterstutzen. Die weiteren Befehle an Dohna und Schlabrendorff vergl. unter Nr. 10191 und 10192. An Finckenstein schreibt der König zum Schluss, dass, sobald das Unternehmen gegen die Russen den erwarteten Erfolg gehabt, er selbst mit seinem Truppencorps nach Schlesien zurückkehren werde, „et Dohna ira chercher les Suédois, pour les combattre où il les trouvera''.

151-4 Vergl. S. 122. Anm. 1.

152-1 Im Folgenden wird dem Prinzen Mittheilung gemacht von dem an Prinz Ferdinand ergangenen Befehl (Nr. 10186) zur Rücksendung der beiden preussischen Kavallerieregimenter; Prinz Heinrich soll für diese zwei zu ihm stossenden Regimenter zwei andere Kavallerieregimenter seines Corps dem Könige senden.