10203. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Liegnitz, 12 août 1758.

J'ai bien reçu votre lettre du 30 de juillet dernier, et je me flatte que, quand les troupes anglaises166-1 vous seront arrivées, que, moyennant ce secours, vous vous trouverez entièrement en état de résister aux Français. S'il s'agit d'une bataille, j'apprendrai avec plaisir que Votre Altesse Se soit servi de mes dragons;166-2 mais si Elle détache dans le pays d'Hanovre, je La prie d'y détacher les miens, afin qu'ils soient d'autant plus à portée de mes États.

Je marche actuellement contre les Russes, je passerai l'Oder du côté de Sagan, pour aller à Crossen, je me joindrai à Dohna du côté de Züllichau; entre ci et le 25 nous aurons une affaire générale, soit près de Meseritz où se trouve l'ennemi, soit du côté de Posen, si je suis obligé de retourner.

Si je suis heureux, je pourrai peut-être me passer de votre cavalerie, mais si malheur m'arrive, sans considérer tous les risques que ma cavalerie a à courir, la nécessité m'obligera à la redemander. Si l'occasion favorise Votre Altesse pour entreprendre quelque chose, je suis persuadé qu'Elle pourra le faire entre ci et ce temps-là, sinon, quand Elle sera jointe par les Anglais.

Vous sentez, mon cher, comme vous le devez, nos pertes; je souhaite que vous n'en fassiez jamais d'aussi sensibles. Toutes les calamités fondent sur nous : celles de la mort de nos proches sont irréparables; pour les autres, avec beaucoup de courage et de persévérance, on en vient à bout, et l'on n'en a que les soins et la peine, chose qu'il ne faut pas mettre en compte, lorsqu'il s'agit du bien et du salut de la patrie.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.



166-1 Vergl. S. 147.

166-2 Vergl. S. 14s.