10308. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Quartier général à Wahnsdorf, près de Dresde, 12 septembre 1758.

Le rapport que vous m'avez fait à la date du 25 d'août, m'a été fidèlement rendu. Quelque bonne et intéressante que saurait être toujours la nouvelle qu'en conséquence de ce que les ministres anglais vous en ont dit, le sieur de Porter a marquée par la poste ordinaire, que la Porte semblait vouloir se remuer, et qu'au moins il était certain qu'on y venait de donner des ordres pour faire des préparatifs de guerre qui inquiétaient beaucoup les ministres étrangers des puissances<227> ennemies communes à nous, je suis cependant bien aise de vous faire observer pour votre direction que la continuation de la guerre dans l'année qui vient saurait être très avantageuse à l'Angleterre, mais que, quant à moi, je vous prie de me dire d'où de mes provinces pour la plupart ruinées par les incursions et les dévastations que nos ennemis y ont faites, je saurais prendre les hommes et l'argent qu'il faut pour continuer l'année future efficacement la guerre. D'ailleurs, pour vous parler confidemment, cette lettre du sieur Porter, n'aurait-elle pas l'air, par les circonstances qui l'accompagnent, d'être fabriquée à Londres?227-1 Car s'il en était quelque chose de réel, et que les puissances ennemies en étaient dans cette appréhension que cette lettre accuse, on le remarquerait d'abord aux démarches des Autrichiens et des Russes, et d'ailleurs les lettres de Pologne en marqueraient quelque chose, où cependant rien se trouve jusqu'à présent qui en donne le moindre indice. Je vous le redis ainsi que la continuation de la guerre saura être avantageuse à l'Angleterre, mais qu'on considère que j'en porte presque tout le fardeau. Si je m'en tirerai avec honneur encore cette année-ci, j'aurai tout lieu d'en remercier le Ciel, mais dans la situation où je me trouve, cela ne pourra pas aller plus loin.

Nonobstant tout cela, vous devez être assuré que je me garderai bien de tenir un pareil langage envers nos ennemis communs, tout au contraire, je leur parlerai avec toute la fermeté imaginable. En attendant, je suis du sentiment que, s'il se rencontrera un moyen pour sortir avec gloire et honneur de cette guerre, qu'il ne faudrait point le rejeter.

Federic.

Nach dem Concept.227-2



227-1 Vergl. jedoch weiter unten den Erlass an Knyphausen vom 22. September.

227-2 An Benott in Warschau ergeht ebenfalls am 12. aus Wahnsdorf ein Cabinetserlass. Der König äussert, wenn er nicht den Oesterreichern in Sachsen hätte entgegentreten müssen, so würde er sicherlich die russische Armee gänzlich zerstreut haben (Je n'aurais sûrement pas manqué de disperser entièrement la susdite armée“).