10319. AU MINISTRE D'ÉTAT ET DE CABINET COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.

Schœnfeld, 15 septembre 1758.

Pour vous répondre au rapport que vous m'avez fait du 13 de ce mois, je vous dirai que j'ai détaché d'ici le général-major Wedell avec 8 bataillons et 5 escadrons, qui s'est actuellement mis en marche de Grossenhain pour aller tout droit à Berlin et marcher contre les Suédois, après avoir rassemblé tout ce qu'il y a là de troupes en garnison, afin de chasser en arrière celles des Suédois. Au surplus, je l'ai instruit d'ébruiter partout que lui et son corps ne faisait que l'avant-garde d'un corps de 10 à 12,000 hommes, avec lequel je le suivrais incessamment moi-même, pour marcher droit aux Suédois. J'en écris dans le même sens au lieutenant-général Rochow,233-1 et d'une façon si positive que peut-être il y ajoutera foi lui-même, ce qui ne sera pas mal. Aussi ferezvous bien de seconder ce bruit, en le disséminant partout, afin d'en imposer d'autant mieux aux Suédois, qui peut-être en seront arrêtés, pour ne pas se trop presser de pousser plus en avant.

Cependant, si malheureusement les Suédois devaient, nonobstant cela, s'approcher de Berlin, alors il faudra bien que vous songiez à mettre ma famille en sûreté, et que vous avec le Département et les caisses suiviez cette retraite, afin que tout reste en activité; sur quoi, je me remets à votre prudence, et que vous agirez selon mes intentions, conformément aux circonstances.

J'espère que dans peu je réduirai les Autrichiens à quifter la Lusace; quant au reste, je vous ai instruit de tout ce que je crois pouvoir faire. Un peu de patience! Je trouve partout des difficultés énormes, ce n'est Pas l'affaire d'un jour de les surmonter. Certainement, on ne m'accusera pas de paresse, mais il ne faut pas non plus que l'on m'accuse d'étourderie.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.

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233-1 Vergl. Nr. 10314.