10346. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

[Schœnfeld,] 20 [septembre 1758].

Ma très chère Sœur. Votre maladie me met au désespoir; il ne manquait plus que cela pour achever de m'accabler. Bon Dieu, faut-il que j'éprouve tous les maux de Job? Je ne sais pourquoi, mais un instinct me rassure encore, il me dit que vous vous tirerez d'affaire avec beaucoup de ménagement. Je me mets à vos genoux, je vous supplie, je vous conjure de faire tout ce qu'il faut pour réchapper de cette maladie. Mangez, employez les remèdes et faites aveuglement ce que votre médecin exigera; pensez que votre mort me rendrait la plus misérable créature de celles qui rampent sur la surface de la terre; pensez que je serais accablé de douleur et que la mort la plus affreuse me serait douce, pour qu'elle me tirât de cette misérable vie. Ma douleur m'empêche de vous en dire davantage, soyez toutefois persuadée que, dans tout l'univers, personne n'égale la sincère tendresse, le vif attachement et l'amitié à toute épreuve avec laquelle je serai jusqu'au tombeau, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.

<258>