10400. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Bautzen, 8 [octobre 1758].

Mon cher Frère. Vous pouvez compter que Daun avec toute son armée est entre Hochkirch292-1 et Lœbau; le prince de Durlach est du côté de Reichenbach et Laudon à Hochkirch même, de sorte que vous n'avez plus rien à appréhender de ce côté-là. Vous n'avez que les Cercles que je vous abandonne. Le général de Ville s'est retiré du pays de Glatz sur Patschkau. Voilà toutes mes nouvelles.

Le maréchal Keith292-2 me joindra demain, et après-demain, je ferai ce que je pourrai pour resserrer l'ennemi et l'obliger à finir le plus tôt possible cette campagne.

Daun a fait défendre sous peine des verges aux soldats de parler des Turcs. L'on assure qu'ils se renforcent à Belgrade.

Ma santé à laquelle vous daignez vous intéresser, va un peu mieux; mais il est bien difficile de se bien porter, lorsque l'esprit sent du malêtre et se trouve dans une agitation continuelle.

Adieu, mon cher frère. Dès qu'il y aura quelque chose qui en vaudra la peine, je vous le manderai incontinent. Vous priant de me croire avec une parfaite tendresse, mon très cher frère, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



292-1 Südöstl. von Bautzen.

292-2 Vergl. S. 291. Anm. z.