10545. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL COMTE DE DOHNA.

Bautzen, 18 novembre 1758.383-3

L'ennemi ayant levé le siège de Dresde le 16 de ce mois, pour se retirer par Cotta et se rendre, au dire des déserteurs, en Bohême, ayant de même, selon que le portent mes avis, levé le blocus de Leipzig, vous n'aurez sans doute rien pu engager avec lui que quelque affaire d'arrière-garde, pour le harceler sur sa retraite. Je suis fâché que, nonobstant de ce que dessus, je ne puisse point encore vous donner le repos que j'aurais souhaité, les circonstances exigeant que nous nous débarrassions des Russes et des Suédois. Il faudra donc que vous vous concertiez avec le général-major de Wobersnow comment on pourra les<384> faire sortir de Driesen. Si, de mon côté, j'y pouvais contribuer quelque chose, je le ferais volontiers en détachant par Glogau de mon armée des troupes sur Posen,384-1 pour mettre les Russes en appréhension d'être entièrement coupés. Vous n'avez donc qu'à aviser là-dessus.

Vous marcheriez, selon moi, avec tout ce qui vous resterait de hussards prussiens, de dragons et d'infanterie, droit dans le Mecklembourg, pour obliger les Suédois de se retirer jusqu'à Stralsund. Vous observeriez de faire brûler la terre du lieutenant de Lowtzow dans le Mecklembourg, pour le punir de sa désertion,384-2 et vous ferez contribuer le pays de Mecklembourg, aussi bien que la Poméranie suédoise, tout ce qu'il faudra pour faire de bons amas de magasins en farine et grains, et vous vous ferez aussi payer des contributions en argent. Il n'y a rien à changer à ces articles, vu que je m'y vois obligé pour l'entretien de votre armée.

Quant au détail de toutes vos opérations, je m'en remets simplement à vous. Seulement faudra-t-il que vous vous concertiez à cet égard soigneusement avec le lieutenant-général Manteuffel, et que vous agissiez avec lui d'un pas égal, pour opérer avec d'autant plus d'efficacité contre les Suédois.

Au demeurant, il faudra que vous ayez soin, dès que l'Elbe sera libre, de donner les ordres pour le transport du train d'artillerie qui a été commandé à Magdeburg pour mon frère Henri,384-3 pour qu'il soit sûrement à Torgau. Vous en écrirez aussi au général-major de Finck.384-4

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königi. Grossen Generalstabs zu Berlin.



383-3 Praesentatum: Eilenburg, 5 Uhr Abends, 19. Nov. 1758.

384-1 Vergl. schon S. 274. 308.

384-2 Diese Strafe wird bereits in den Weisungen zur Beantwortung eines Berichts von Tauentzien, d. d. Breslau 12. November, angekündigt. In den Weisungen für die Beantwortung eines zweiten Berichts dieses Datums billigt der König das „Unterstechen“ der von Lubomirski angeworbenen Husaren (vergl. Bd. XVI, 178. 179) unter andere Regimenter; denn „das Zeug läuft doch wieder davon“ .

384-3 Vergl. S. 313.

384-4 Vergl. S. 383.