10606. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.

Breslau, 22 [décembre 1758].

Je vous envoie les mémoires de la campagne passée,432-3 sans avoir eu le temps de les bien rédiger; je me suis appliqué surtout à y marquer les causes des faits et les raisons de ma conduite. Il paraît malheureusement que nous ne sommes pas à la fin de nos travaux, nous avons trop d'ennemis pour gagner sur eux une supériorité qui les oblige à la paix. Toute l'Europe se précipite sur nous, il semble que ce soit la mode d'être notre ennemi, et un titre d'honneur de contribuer à notre perte.

Vous avez pensé de bonnes choses au sujet de la Suède,432-4 je ne vois cependant aucun moyen de faire parvenir ces idées à Stockholm et de proposer à un roi moins souverain sur ce trône qu'un bacha de Natolie, de convoquer une Diète à laquelle personne ne s'attendra.

Nos ennemis projettent une campagne d'hiver contre le prince Ferdinand, je l'en ai averti et me prépare à le pouvoir secourir. Que résultera -t-il de tout cela? Que nous parerons encore quelques coups<433> qu'on nous voudra porter, et que nous succomberons à la fin. Triste présage que je souhaite de tout mon cœur qu'il ne s'accomplisse pas!

Adieu, mon cher comte, tout finit, ceci finira de même; je suis votre fidèle ami

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



432-3 Die Memoiren über den Feldzug von 1758, die später der „Histoire de la guerre de sept ans“ zu Grunde gelegt wurden. Vergl. schon Bd. XIV, 85 ff. und Bd. XVI, 118.

432-4 Vergl. Nr. 10607.