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10892. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Landshut, 22 avril 1759.1

Mon cher Frère. Votre expédition2 vaut mieux qu'une bataille gagnée; vous avez pris près de 2500 hommes à l'ennemi, sans que votre perte puisse entrer en aucune considération; vous lui avez ruiné pour au delà de 600000 écus de magasins, vous lui avez dérangé tout son projet de campagne: en voilà, en vérité, plus qu'on ne pouvait prétendre. Harsch est marché, comme je vous l'ai mandé hier,3 vers Leitmeritz avec 8 régiments d'infanterie; il trouvera les magasins ruinés et le nid vide.

A présent, je vous prie de penser sérieusement à vos Cercles, pour voir s'il n'y aurait pas moyen de les mettre hors du jeu. Le prince Ferdinand a raté son coup : si du moins on détruit l'armée des Cercles, cela nous donnera encore moyen de nous soutenir cette campagne; mais si on laisse à cette canaille le temps de venir, quand nous serons occupés ailleurs, notre besogne sera bien hasardée. C'est à vous à vous conduire selon les conjonctures et la possibilité que vous croirez entrevoir de réussir; je ne vous prescris d'autre règle que de faire tout le mal aux ennemis que vous pourrez, sans vous gêner ni restreindre en rien. Je ne suis que vaguement instruit de la position de ces gens-là, ainsi je ne peux rien dire d'ici.

Je ne doute pas que vous n'ayez envoyé à Berlin un bulletin pour les gazettes,4 car cela est très nécessaire. J'ai fait tout plein de distinctions à ces officiers que vous m'avez recommandés; j'ai relâché le marquis de Fline,5 comme il le désire.

Fouqué a fait 244 prisonniers, il n'a pu pousser jusqu'à Hof, à cause du défilé de la Mora que l'ennemi a garni; mais aussi n'a-t-il pas perdu un Packknecht.

Adieu, cher frère, je vous embrasse. En vous assurant de la tendresse avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.6

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



1 Zum 22. April vergl. auch ein Schreiben an Voltaire in den Œuvres, Bd. 23, S. 37.

2 Vergl. Nr. 10884 u. Nr. 10914.

3 Vergl. Nr. 10890.

4 In den „Berlinischen Nachrichten“ findet sich ein Bericht aus des Prinzen Heinrich Hauptquartier in Nr. 49 von Dienstag 24. April.

5 Vergl. Bd. XVII, 268.

6 In einem folgenden Schreiben, Landshut 23. April, bezieht sich der König nochmals auf das obige Schreiben und bittet den Prinzen, nunmehr sehr ernstlich an die Expedition gegen die Kreisarmee bei Bamberg zu denken. Er habe den Prinzen Ferdinand in Kenntniss gesetzt (vergl. Nr. 10891), um ihm die Wichtigkeit der Unternehmung vorzustellen und die Notwendigkeit, „d'y vouloir bien prêter la main de son côté et de se concerter au plus tôt avec vous“ ; wenn Piinz Ferdinand mit 6 bis 8000 Mann der Kreisarmee in die Flanke oder in den Rücken komme, so werde der gute Erfolg der Unternehmung gesichert sein, „pour disperser ces troupes soi-disantes de l'Empire, qui, une fois mises en déroute, ne sauront plus se rassembler pour nous faire du mal, pendant toute cette campagne“ .