<197>cessité qu'il y aura pour nous tous, de faire à présent les derniers efforts pour nous débarrasser d'une partie de nos ennemis.

S'il y avait quelque chose à gagner par attendre, j'attendrais, je vous assure, très volontiers; mais l'inaction dans ce moment-ci est tout ce qu'il peut y avoir de plus dangereux pour nous, et ne peut nous procurer que ce qu'on appelle en allemand une Galgenfrist.

Voilà, mon cher frère, mes raisons; il faut nous accommoder au temps et régler nos actions sur les circonstances où nous nous trouvons. Au surplus, je ne prétends point de vous des choses impossibles, mais si vous trouvez l'occasion de vous débarrasser une bonne fois des Cercles, vous changez entièrement la face de la guerre et de votre propre position. Quant à l'événement, ni vous ni moi n'en pouvons pas répondre, et supposant même qu'il arrivât à vous ou à moi quelque malheur, je crois toujours que le fait en aurait été pire pour nous, s'il nous arrivait dans le moment que tous nos ennemis fussent en action.

Soyez persuadé de la vivacité des sentiments de l'amitié et d'estime avec lesquels je suis etc.

Federic.

Nach dem Concept.1


10911. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Landshut, 2 28 [avril 1759].

Mon cher Frère. Vous recevrez un grand grimoire3 tout rempli de visions creuses. Je ne vous répète point ce que vous y lirez, je ne vous en dirai pas moins que vous êtes devenu la terreur des Autrichiens, qu ils vous accusent d'avoir dérangé leurs mesures, et qu'ils vous donnent a tous les diables. M. Daun est très surpris que vous, qui n'avez m la toque du pape ni l'épée bénite, vous lui ayez enlevé ses magasins apostoliques. Il vous fera dresser par Schaffgotsch une excommunication majeure que le Saint-Père fulminera contre vous du haut de son balcon del Monte Cavallo. Je vous plains du traitement qu'on vous reserve, et je souhaite que vous ayez occasion d'exercer souvent la colère de ces gens-là.

Je ne vous dis rien de ce qui se passe ici, parcequ'il ne s'y passe nen. Je vous ai instruit par un chasseur de ce qui me regarde.4

Adieu, mon cher frère, que la fortune seconde toujours votre prudence, en tout ce que vous entreprendrez.

Je n'apprends rien du prince Ferdinand, je ne sais pas même l'endroit où se trouve son armée.



1 Es lag jedenfalls ein eigenhändiger Entwurf des Königs zu Grunde.

2 Das unter Papieren späterer Jahre aufgefundene Schreiben wird sicherlich in den April 1759 einzureihen sein.

3 Vermuthlich ein oder mehrere aufgefangene österreichische einzureihen, die chiffrirt waren oder die der König hatte chiffriren lassen.

4 Vergl. Nr. 10910.