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10977. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Landshut, 23 mai 1759.

Mon cher Frère. Je vous félicite de tout mon cœur de tous les heureux succès que vous avez eus jusqu'ici.1 On fait monter le nombre de prisonniers que vous avez faits, près de 3000 hommes, on assure que la désertion et la confusion est énorme dans l'armée de l'Empire; je donne au moins deux grands mois à ces gens pour être en état de revenir.

Je ne peux vous mander d'ici que des misères ; nous n'avons point eu encore la vision béatifique de la toque et de l'épée bénite,2 on nous amuse avec le sieur Laudon qui, passé trois jours, nous a donné visite auprès du gibet de Liebau. Il a été éconduit avec toute la politesse imaginable jusqu'auprès de Schatzlar, où nous lui avons flanqué une vingtaine de gros coups de canon au derrière, et chacun s'en est retourné chez soi. Je crois que l'Illustrissime suivra dans peu de jours; je suis fort soigneux à lui préparer une bonne réception, et s'il est tant soit peu possible, nous lui ferons les plus grandes civilités possibles en lui foutant des grands coups de pieds au cul : ainsi soit-il.

Adieu, mon cher frère, je crois que, dans la huitaine ou, tout au plus tard, vers le mois qui vient, j'aurai des matières plus importantes à vous mander. Veuille le Ciel que les nouvelles soient bonnes! Je vous embrasse bien tendrement, vous priant de me croire avec la plus parfaite tendresse et estime, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


10978. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Landshut, 23 mai 1759.

Je viens de recevoir la lettre que vous m'avez écrite du 17 de ce mois,3 et vous sais tout le gré imaginable des avis que vous avez bien voulu m'y donner. Mon frère Henri, à ce qu'il vient de me mander, est maître du magasin de Bamberg et a pris tous les autres dépôts en magasins le long du Main au delà de Bamberg.4

Après cette expédition, il sera bien obligé de se replier avec son armée vers la Saxe, parceque une partie de son armée sera obligée d'agir encore cette campagne-ci contre les Russes, qui commencent à se mettre en mouvement.

Autant que je puis juger, le maréchal de Contades n'entreprendra pas beaucoup, dès qu'il saura que Votre Altesse a rejoint son armée. Quant à nous ici, je crois que du jour au lendemain la besogne



1 Vergl. Nr. 10957. 10976.

2 Vergl. S. 186 mit Anm. 2.

3 Vergl. den Bericht bei Westphalen, a. a. O. S. 263.

4 Vergl. jedoch S. 249.