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Nous sommes à la veille de l'évènement; c'est encore une affaire de 5 ou de 6 jours qui nous éclaircira le dessein de l'ennemi; mais dès qu'il s'agira de faire quelque chose, pour l'amour de Dieu, ne détachez rien et agissez avec toutes vos forces ensemble, s'entend avec 21 bataillons d'infanterie, le bataillon franc de Lüderitz, 25 escadrons de cuirassiers et de dragons et 16 escadrons d'hussards.

Vous savez à peu près quelles sont mes idées. Il serait impossible de vous dire tout ce qui peut arriver; mais dès que l'ennemi aura fait un mouvement qui m'éclaircira davantage de son dessein, je serai en état de vous donner des instructions plus précises.

Si le gros de l'armée ennemie se porte contre moi, vous serez fort en état de résister à un détachement, pourvu que votre corps ait toujours pour 9 jours de pain avec soi; en cas de nécessité, il faut que la cavalerie fourrage. Si l'ennemi ne fait qu'un masque de ce côté-ci, et que je m'aperçoive que sa plus grande force se porte du côté de Friedland, je m'y porterai aussitôt, non pour lui disputer le passage, mais pour le couper de la Bohême. Cela l'obligera ou bien de me venir attaquer dans un poste désavantageux pour lui ou bien à gagner la plaine, pour se joindre, le plus tôt qu'il pourra, au corps de de Ville, afin d'avoir du pain. Dans le premier cas, si vous le côtoyez à une certaine distance, vous serez toujours en état de le prendre en flanc ou en derrière, pendant que nous en serons aux mains; et, dans le second cas, il faut que vous le harceliez, pour qu'au déboucher des montagnes du côté de Reichenbach nous puissions engager une affaire d'arrière-garde avantageuse.

Vous pouvez encore faire gâter le chemin de Silberberg à Neurode, en y faisant jeter des pierres et en le rendant impraticable pour les voitures, afin que, s'ils voulussent faire passer une colonne de ce côté-là, il leur devînt absolument impossible d'y traîner de l'artillerie; sans laquelle vous savez bien qu'ils ne marchent point.1

Dans ce moment, je reçois une lettre de Bülow, qui me marque que le corps de Beck est prêt à marcher;2 un hussard, arrivé dans ce moment de Politz, dépose que des pandours, hussards et quelque infanterie allemande étaient arrivés avant-hier et hier vers Politz; de plus, des officiers autrichiens ont été ce matin parler à des paysans et leur ont promis beaucoup d'argent pour les mener sur une montagne d'où ils veulent cette nuit voir notre camp; un autre déserteur dépose que l'armée3 a dû marcher aujourd'hui. Je n'ai point de nouvelles jusqu'ici de sa marche, sans quoi je vous l'écrirai.4 Dès que j'apprendrai quelque



1 Vergl. S. 266.

2 Bericht des Generalmajors von Bülow, d. d. Bärsdorf 6. Juni. Wie die Weisungen [Bleinotizen] auf der Rückseite des Berichts ergeben, wurden an Bülow darauf die gleichen Nachrichten wie im folgenden an Fouqué mitgetheilt.

3 D. h. die sogenannte grosse Armee. Auf dem Berichte Bülow's heisst es: „hat ausgesagt, dass die grosse Armee bei Trautenau anrücken sollte“ .

4 So.