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11057. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Reich-Hennersdorf, 6 juin 1759.

Mon cher Frère. Je vous rends mille grâces de tous les détails que vous avez la bonté de me faire. Tout cela, mon cher frère, en combinant vos deux expéditions, ferait la réputation d'un officier inconnu et vous rendra à l'avenir vos entreprises plus difficiles, parcequ'on vous opposera et de meilleurs officiers, et qu'on ne se fiera pas à vous. Si vous voulez bien vous charger de témoigner ma reconnaissance au Margrave,1 vous me ferez plaisir, il n'est pas saison pour moi de le faire; si ma lettre était interceptée, elle pourrait lui causer du chagrin; vous aurez peut-être des moyens à le2 lui faire savoir verbalement la sensibilité que j'ai de ses bons procédés.

Voici un autre embarras. L'hiver passé, lorsqu'il fallait tant de grosses sommes pour l'armée, ils se sont avisés à Magdeburg de fondre l'argenterie de Bamberg.3 Comment la rendre? comment faire? Je vous prie de voir comment vous pourrez accommoder cela, et même de relâcher ou 100000 écus ou davantage de la somme des contributions, pour supprimer cette vilaine affaire.

Nos incertitudes finiront bientôt. Je vous écris dans toutes mes lettres : « bientot »; vous trouverez ce « bientot » bien long, mais j'ai à faire à un homme sur lequel repose la bénédiction papale et que le Saint-Esprit inspire lentement; sa campagne précoce se réduira à précéder par ses opérations le mois d'août de quelques semaines : les armées impériales avaient autrefois le proverbe Semper Augustus. Enfin, mon cher frère, avec de la patience et après bien des peines notre sort s'éclaircira. Le commencement de la campagne sera dur et très difficile; si la fortune nous seconde, nos calamités finiront. Voilà le cher maréchal Kalkstein mort,4 le modèle d'un honnête homme et d'un citoyen attaché de cœur et d'âme à sa patrie; nous ne faisons que des pertes, et je ne vois point qu'elles se répareront. . .

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



1 Prinz Heinrich hatte, Waldkirchen 2. Juni, berichtet: „Je ne saurais vous laisser ignorer toutes les obligations que je dois avec l'armée au margrave de Baireuth. Il a fait de l'impossible pour nous rendre service, en donnant tout ce qu'il avait, pour faire subsister l'armée, et en nous procurant les nouvelles les plus certaines, qui nous ont servi très utilement.“

2 So.

3 Prinz Heinrich hatte berichtet, dass mit den Bambergern eine Convention über die Zahlung von 580000 Thaler Contribution abgeschlossen sei, sie hätten Wechsel auf Hamburg ausgestellt; von preussischer Seite sei dagegen versprochen worden, das im vorigen Jahre als Pfand für die Zahlung der damaligen Contribution mitgenommene Silbergeräth der Bamberger Kirchen (vergl. Bd. XVII, 307) zurückzuliefern, das man bisher behalten hatte, da die Contribution von 1758 noch immer nicht voll gezahlt worden war.

4 Vergl. S. 294. 295.