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11086. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE BARON DE LA MOTTE-FOUQUÉ.

Reich-Hennersdorf, 14 juin 1759.

J'ai reçu votre lettre du 13 de ce mois. Les nouvelles que je reçois dans ce moment, mais que je ne vous garantis pas, sont que Daun a ordre de percer à tout prix en Silésie, et qu'en conséquence il a détaché 15000 hommes d'infanterie pour joindre Laudon à Trautenau. Je n'en crois pas le mot, parceque cela ne me paraît pas vraisemblable, et si ces gens tentent quelque chose de ce côté-ci, soyez persuadé qu'ils ne seront pas bons marchands. Un déserteur qui est parti, il y a quatre jours, de l'ennemi, dit qu'à la grande armée il y a encore tous les grenadiers avec leurs régiments; cela ne ressemble point à une prochaine entreprise ni à une prochaine marche. Si Daun tentait quelque chose contre ce poste-ci, il mettrait certainement tous ses grenadiers en avant, et encore n'en aurait-il pas assez. D'ailleurs, Lacy n'a pas été nous reconnaître, et tant que je n'entendrai pas le nom de cet homme-là sur nos frontières, je ne me persuaderai pas que ce soit le sérieux de l'ennemi de venir ici.1

Vous pouvez compter d'être instruit du moindre détail qui arrivera ici. Rassemblez toujours vos 13 bataillons et votre cavalerie auprès de Frankenstein, pour être, au cas de besoin, à portée de Wartha. Je tiens Biilow entre nous deux avec ses 8 bataillons et ses 6 escadrons de hussards pour vous l'envoyer, en cas que cela soit nécessaire; pour l'attirer à moi, en cas que je prévoie que l'ennemi fera son grand effort de ce côté-ci.

Je vous instruirai de tout, à mesure que je verrai que les desseins de l'ennemi s'éclaircissent. D'O rend de bons services dans l'occasion présente, et je trouve que, par2 toutes les nouvelles que je tâche de me procurer, NB. en ne négligeant point l'argent, les siennes sont les meilleures. 11 est indubitable que l'intention des Autrichiens est d'inonder le comté de Glatz par tous les trois débouchés qui y entrent, et je commence à croire que le corps de de Ville est destiné pour boucher le passage de Wartha.

Si vous trouviez que vous ne puissiez point vous servir de vos cuirassiers, vous n'avez qu'à me le mander, et je serai assez porté de les envoyer à Dohna, qui en pourrait tirer un meilleur usage dans l'occasion présente contre les Russes; et je vous mande à cette occasion-là que Dohna est à Landsberg, et qu'il paraît que les Russes veulent se partager en deux corps, dont le plus considérable paraît se rassembler du côté de Posnanie et le plus faible du côté de Tempelburg. Dohna n'a que 35 escadrons de cavalerie et 22 de hussards. Si nous en avons d'inutile ici, soit vous ou moi, il n'est que juste de le lui envoyer; c'est sur quoi j'attends votre réponse.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kaiserl. Königl. Kriegsarchiv zu Wien.



1 Vergl. S. 278.

2 So.