<34> provinces. Tout le monde se prépare pour la campagne prochaine, et il est sûr qu'il n'est ni séant, ni même de la dignité de l'Angleterre, ni de la Prusse d'aller mendier chez ses ennemis, dans des circonstances pareilles, la paix dont ces mêmes ennemis voudraient dicter les lois; mais il y aurait pourtant moyen d'affaiblir ces ennemis arrogants en tâchant de les désunir. Voilà les moyens que je crois qu'ils pourraient y concourir: à savoir si par quelques émissaires secrets on augmentait les troubles en Suède. Toutes les provinces sont pleines de mécontents. Il n'y aurait qu'à attiser ce feu. L'on parviendrait par là à culbuter le parti français et à se défaire d'un ennemi qui, quoique faible de lui-même, ne laisse pas que d'être dangereux qu'il agit de concert avec tant d'autres puissances. Je crois encore qu'il serait possible à Pétersbourg de profiter des moments de mécontentements et de disputes qui naissent entre les alliés touchant des discussions d'intérêts, pour du moins ralentir l'ardeur de leurs opérations, ou peut-être même pour les séparer tout-à-fait de l'alliance, si le moment favorable s'en présente. Je crois encore qu'il serait très utile de faire bien concevoir aux Hollandais que l'alliance de la France avec la maison d'Autriche n'est fondée que sur des cessions promises en Flandre,1 et que c'est en sacrifiant la Barrière que ces deux puissances sont devenues amies. Enfin, voilà la Bavière2 et le Württemberg indisposés contre la France. Ce sera peut-être le moment de les mettre hors du jeu; quand même ils ne donneraient pas leurs troupes à l'Angleterre, ce serait toujours 16 000 hommes de moins contre nous.

Voilà mes idées. Je comprends très bien que toutes les tentatives ne réussiront pas, mais en essayant on parviendra toujours à quelque chose. Je soumets ces idées à la haute prudence de Votre Majesté, en L'assurant etc.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.3


10670. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Breslau, 20 janvier 1759.

Je vous adresse, à la suite de cette lettre, celle que je viens de faire au roi d'Angleterre,4 que vous tâcherez de lui faire parvenir bientôt et de façon que l'importance de son contenu l'exige, dont je veux bien vous instruire, quoiqu'absolument pour [votre] direction seule, par la copie que j'en fais joindre.

Je vous confirme par la présente tout ce que mes ministres vous ont écrit en dernier lieu touchant la grande fermentation que les Français ont su élever en Hollande par leurs intrigues, profitant de la maladie



1 Vergl. Nr. 10667.

2 Vergl. Nr. 10652.

3 Die nicht mehr vorliegende Ausfertigung war jedenfalls eigenhändig.

4 Nr. 10669.