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11157. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.1

[Reich-Hennersdorf, 2 juillet 1759.]

Chiffre!

Je voulais justement vous écrire, lorsque je reçus votre lettre. Préparez-vous à une campagne bien difficile. Dohna, au lieu d'exécuter son entreprise avec célérité, a rampé comme une tortue pour avancer. Il est parti le 23 de Landsberg, et il était le 29 à 5 milles de là; toute sa marche n'est que de 12 milles. Cette lenteur et le peu de précaution qu'il a pris pour cacher sa marche, a donné à Fermor le temps de joindre ses corps; il est à Posen, où il s'est couvert de retranchements.2 Dohna ne fera [donc que le regarder, le temps sera perdu, et vous pouvez juger de l'embarras où me jette cette nouvelle que je viens de recevoir incessamment.

Quant au prince Ferdinand, je le crois obligé de combattre, pour sauver ses magasins; c'est bien le cas de dire : « Si cela se peut, Seigneur, fais passer ce calice! »

Pour moi, j'ai envoyé un détachement à Trautenau; Harsch est à Jaromirz, Beck à Neustadt, Jahnus à Prausnitz; Seydlitz est à Lœhn, et j'attends par lui des nouvelles de l'ennemi.

J'ai trois objets à remplir : le premier, ne me point laisser couper de Glatz, pour y porter des secours, en cas qu'on veuille l'assiéger; secundo, empêcher l'ennemi de s'établir ici, pour qu'il n'y forme point de magasin; tertio, m'opposer à Daun.

Je vous avoue que je trouve ce problème d'une difficulté affreuse à résoudre; je ferai ce qui dépendra de moi, mais si l'on fait des sottises à Posen, je suis perdu.

Wedell, qui a poussé, comme je vous écris,3 les ennemis jusque non loin de Kœnigshof,4 a appris sûrement que Beck est entre Arnau et Kœnigshof, Daun à Gitschin, Harsch à Kœnigshof, dont il a vu le camp. Ainsi ce qui a marché pour Reichenberg, consiste dans le corps de Laudon et un détachement de la grande armée. Ces gens veulent m'attirer vers Lœwenberg, pour entrer ici à leur aise : voilà le stratagème découvert, pourvu que tout aille bien avec les Russes!

[Federic.]

Nach dem Concept. Eigenhändig.



1 Prinz Heinrich befand sich im Monat Juli nach seinen Berichten bis zum 7. in Dittersdorf (vergl. S. 272. Anm. 3), vom 11. bis iS. in Plauen, am 20. und 21. in Kamenz, am 23. und 25. in Roth-Nauslitz (westl. v. Bautzen), am 27. in Muskau, am 28. in Sorau, am 30. und 31. in Dürings-Vorwerk (westl. von Schmottseifen).

2 Am 3. Juli klagt der König dem Minister Finckenstein gegenüber, dass Dohna die ihm ertheilten Befehle schlecht ausgeführt habe. „Au lieu de marcher droit à un corps de Russes, pour le combattre, il s'est amusé et a traîné ses marches que les Russes ont gagné le temps de se rassembler à Posen. En attendant, je n'ai pas perdu toute espérance. Il faudra voir à présent comment il s'y prendra, pour tirer Fermor de son poste retranché, et quels seront ses succès.“

3 In der Vorlage: „ecrits“ ; vielleicht hatte der König: „ai écrit“ schreiben wollen. Doch ist die Sache an Heinrich noch nicht mitgetheilt worden.

4 Vergl. Nr. 11 155.