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11268. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Au camp de Schmottseifen, 23 juillet 1759.

Votre lettre du 21 de ce mois vient de m'être rendue. Vous trouverez bien des contradictions dans toutes mes lettres, mais prenezvous-en à la difficulté qu'il y a à se procurer des nouvelles.

Laudon est marché hier, —1 Le prince de Württemberg est marché à la vérité, mais il ne fera qu'observer Laudon; il est fort en état de le contenir.

Ce ne sont point les Autrichiens qui m'embarrassent à présent, mais je vous avoue naturellement que je crains ce qui se passera du côté de Züllichau. Une bataille y est inévitable; si elle est gagnée, vous pourrez d'abord détacher 3 ou 4000 hommes pour le Hohenstein, et vous verrez que ces troupes de l'Empire s'enfuiront tout de suite;2 si la bataille est perdue, il n'y a d'autre ressource que de vous joindre au prince de Württemberg, et que ce détachement avec l'armée battue se retourne de nouveau contre les Russes.

Quant à moi, vous sentez bien que, dans la situation où je suis, je ne saurais détacher la moindre chose, sans voir ma perte assurée; c'est un grand malheur que la tête ait tourné au prince Ferdinand après l'affaire de Bergen. Il a une belle armée, mais n'en a fait autre usage que [de] se retirer et d'abandonner ses magasins.

Pour vous, je ne crois pas que vous ayez besoin encore de vous presser beaucoup; le corps de Gemmingen a été certainement poussé en avant, pour vous empêcher de marcher de ce côté. Je crois que Daun devine à peu près mes idées, et qu'il ne voudrait point avoir le tort vis-à-vis des Russes de vous avoir laissé passer.

Dès que j'aurai des lettres du côté des Russes, je vous les communiquerai incessamment.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


11269. AN DEN GENERALLIEUTENANT PRINZ FRIEDRICH EUGEN VON WÜRTTEMBERG.

Im Lager bei Schmottseifen, 23. Juli 1759.

Da Mein Bruder des Prinz Heinrichs Liebden nunmehro, da sich der Rest der sogenannten Reichsarmee im Hohensteinschen eingefunden, nicht zu Ew. Liebden wird stossen können, als habe Ich Dieselben von diesem Vorfall avertiren wollen, und werden Sie Ihres Orts nur beheben, Sich daran zu contentiren, den General Laudon zu observiren und zu cotoyiren, ohne Sich in nichts zu übereilen.

Friderich.

Nach der Ausfertigung im Königl. Staatsarchiv zu Stuttgart.



1 Es folgen die schon dem Prinzen von Württemberg gesandten Mittheilungen. Vergl. Nr. 11 267.

2 Prinz Heinrich hatte einen Bericht der Halberstädter Kammer vom 19. Juli eingesandt, der die Meldung enthielt, dass die Reichsarmee die Grafschaft Hohenstein besetzt und dort furchtbar gewirthschaftet habe.