<492> le dernier soupir de nos forces et de notre vigueur; je n'ose rien vous promettre de l'évènement, cela serait trop téméraire, mais je vous jure qu'on ne saurait risquer plus que je fais.

L'armée de l'Empire est en marche de Leipzig à Wittenberg. Je lui opposerai encore un corps1 qui, je crois, pourra l'écarter. Daun doit se trouver aux environs de Guben. Des nouvelles vagues disent que mon frère lui a pris son magasin de Gœrlitz et sa caisse de guerre; je ne saurais le garantir, mais sur quoi vous pouvez compter positivement, c'est [que], tant que nous sommes d'officiers, nous nous ferons assommer, ou nous chasserons ces barbares, ces incendiaires, ces infâmes ennemis.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


11355. AU PRINCE FERDINAND DE PRUSSE.

Fürstenwalde, 19 [août 1759].

Vous avez très bien fait d'aller à Stettin. Nous avons été malheureux, mon cher frère, parceque notre infanterie s'est impatientée un quart d'heure trop tôt. L'ennemi est joint par Hadik, toute l'armée veut marcher sur Berlin. Je me suis mis ici sur leur chemin, je crains que demain ou après-demain au plus tard nous aurons une bataille. Les officiers et moi nous sommes résolus de mourir ou de vaincre. Veuille le Ciel que le commun soldat pense de même! Prenez soin de votre santé et n'oubliez pas un frère qui vous aimera jusqu'au dernier soupir. Adieu.

Federic.

Mes compliments au duc de Württemberg, à Seydlitz,2 à Wedell, à tous les honnêtes gens qui ont bien combattu, et ma malédiction à tous les coïons qui se trouvent chez vous sans blessures.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.


11356. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Fürstenwalde, 20 août 1759.3

J'ai bien reçu votre dépêche du 17 de ce mois. Pour ce qui est de l'armée de l'Empire, vous pouvez vous tranquilliser sur son sujet, me flattant de vous en débarrasser en peu.



1 Unter Generalmajor von Wunsch. Vergl. S. 484. 489.

2 Vergl. S. 487.

3 Ein Schreiben an den Marquis d'Argens vom 20. August siehe in den Œuvres Bd. 19, S. 82.