<645> et de confiance qu'il trouvait dans son maître. Il faut que nous ajoutions, encore que nous sommes presque assurés que la confidence qu'on a faite au chevalier Pitt de quelques-unes de ces insinuations, n'est venue qu'à la suite d'une altercation très forte qu'il y a eu à l'occasion de pareils chipotages entre le duc de Newcastle et ce dernier, qui, en se retirant pour quelques jours à la campagne, a déclaré qu'il saurait rendre responsable envers la nation tous ceux qui empiétaient sur les droits qu'il-avait par sa charge à la confiance du Roi. Sa Majesté Britannique qui connaît l'intimité de nos liaisons avec le chevalier Pitt et son zèle pour les intérêts de Votre Majesté, nous ayant apparemment cru instruits de cet incident, comme nous l'étions en effet, nous a déclaré, quelques jours après, elle-même qu'il était vrai qu'on lui avait fait des insinuations de paix de bien des côtés, dont elle n'avait pas cru qu'il fût nécessaire que nous fussions instruits, mais que nous pouvions assurer Votre Majesté que, quelque chose qui arrivât, elle s'en tiendrait à la déclaration qui venait d'être résolue. Les particularités que nous venons d'exposer, nous ayant donc confirmés de nouveau dans l'idée où Votre Majesté sait que nous avons été toujours, qu'une négociation secrète de paix serait dangereuse pour Ses intérêts, à cause de la faiblesse du Roi, de son envie de s'agrandir en Allemagne, à quoi le chevalier Pitt ne veut point se prêter, et, enfin, à cause de la mauvaise foi du duc de Newcastle et du ministre hanovriern, nous avons, après avoir pesé mûrement le pour et le Contre, avec lé chevalier Pitt pris la résolution de procéder sans délai à l'exécution delà déclaration1 qui avait été convenue. Ce dernier, en communiquant cette démarche au Parlement, rendra par là la négociation de paix nationale et s'en emparera de manière que personne n'osera risquer d'intervenir en secret sans sa participation. Cela n'empêchera pas d'ailleurs que, quand le congrès sera une fois ouvert, les ministres d'Angleterre ne puissent conjointement avec ceux de Votre Majesté négocier en secret avec la France ou toute autre puissance qui marquera des dispositions favorables pour le rétablissement de la paix, ainsi que c'est le projet du chevalier Pitt.“

Limbach, 17 novembre 1759.

J'ai reçu vos dépêches du 6 de ce mois, dont j'ai été bien satisfait par les éclaircissements que vous m'y donnez sur tout ce qui regarde présentement nos affaires en Angleterre. Ces circonstances et les particularités que vous me mandez font que je ne saurais qu'applaudir à la résolution que ce ministre a prise pour prévenir d'autres inconvénients que j'avais jusqu'ici ignorés. II faut voir à présent comment les puissances alliées ennemies se déclareront à la proposition, et si elles entreront, ou toutes ou en partie, à la proposition.

Quant aux insinuations de la France, j'avoue que je [ne] saurais pas les accorder tout-à-fait avec les grands préparatifs de guerre qu'elle fait, au moins en apparence. Je ne saurais juger, d'ailleurs, si le mois de novembre où nous sommes, est encore assez propre pour que la France saurait effectuer ses ostentations par mer, car jusqu'ici j'ai été toujours de l'opinion que ce mois, avec les autres qui le. suivent, ne soit du tout propre aux opérations de mer.

Au surplus, je me flatte que la façon dont je me suis expliqué au sujet d'une négociation avec la Russie,2 ne saura point causer la moindre aigreur entre l'Angleterre et moi, surtout ä M. Pitt, que vous assurerez toujours de mon estime parfaite et invariable.3......

Federic.



1 Vergl. Nr. 11532. 11557.

2 Vergl. S. 636. 640.

3 Es folgen die auch an den Minister Finckenstein (Nr. 11602) mitgetheilten Nachrichten über die Vorgänge bei der Armee des Königs.