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11646. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Wilsdruff, 5 décembre 1759.

J'ai reçu le rapport du 23 du novembre passé que vous m'avez fait avec le sieur Michell. Je m'étonne que les Français veulent tenter une descente1 dans un des trois royaumes dans une saison si avancée et aussi rude et orageuse que la présente qui du tout ne paraît plus propre à la navigation; mais il faut espérer que les Anglais y prendront de sages précautions, et qu'ils remporteront surtout un avantage considérable sur mer contre la flotte française,2 ce qui fera tomber tout d'un coup tout projet de descente en Angleterre.

Quoique mes affaires ici en Saxe n'aient pas eu les succès les plus heureux jusqu'à présent, dont mon ministre le comte de Finckenstein vous aura déjà instruit,3 elles sont cependant dans une situation de pouvoir tout remettre avant la fin de cette année-ci, surtout après que le prince Ferdinand de Brunswick vient [de] me marquer4 que, sur ma réquisition, il m'enverrait quelques bataillons avec quelques escadrons de ses troupes pour un peu de temps, afin de m'entr'aider à pousser l'armée autrichienne hors de la Saxe et la forcer de rentrer en Bohême avec ce qu'il y a auprès d'elle encore de troupes de Cercles, d'autant plus qu'il paraissait assez qu'il y avait un projet arrêté par les cours de Versailles et de Vienne qui engage le maréchal Daun de faire tout pour se soutenir en Saxe, tandisque l'armée française au Haut-Rhin tâchera de prolonger son séjour au camp de Giessen, afin d'exécuter par là leur projet arrêté pour l'établissement des quartiers d'hiver, ce qui importait cependant à la cause commune qu'on fît échouer ce projet d'un concert commun. Ce qui m'a persuadé aussi que le ministère anglais ne désapprouvera point cet envoi d'un petit secours que le prince Ferdinand me détachera, qui, d'ailleurs, ne sera arrêté ici que peu de temps et jusqu'à ce que j'aurai fait rentrer en Bohême l'armée aux ordres de Daun et nettoyé la Saxe de nos ennemis, ce qui, j'espère, sera achevé vers la fin de cette année et n'arrêtera, d'ailleurs, en rien les opérations du susdit Prince.

Quant aux troupes du duc de Mecklembourg-Schwerin que le ministère voudrait engager, il est à considérer primo, que ce Prince n'en a qu'un bataillon qu'il vient d'envoyer en conséquence d'une convention



1 Vergl. S. 649.

2 Am 20. November wurde die französische Flotte unter Admirai Conflans von der englischen unter Hawke bei Quiberon geschlagen.

3 Vergl. S. 673.

4 Vergl. Nr. 11645.