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11670. A LA PRINCESSE AMÉLIE DE PRUSSE A BERLIN.

Freiberg, 13 décembre1 1759.

Ma chère Sœur. Vous vous consolez facilement, parceque vous voyez les objets de loin, d'où un certain nuage les cache ou du moins, par son obscurité, ne les laisse distinguer que confusément. J'ai été pendant quatre semaines dans une situation violente, en dernier lieu encore la marche de Beck paraissait menacer Berlin; mais mes appréhensions se sont dissipées par sa retraite. J'attends l'arrivée des secours qui me viennent de Silésie et de l'armée des alliés, pour agir dans cette saison épouvantable et rude; il faut chasser à tout prix les Autrichiens de la Saxe et nous battre contre la saison et les ennemis.

Cette abominable campagne ne finira probablement qu'au mois de janvier; que vos prophètes2 se hâtent de faire la paix, il en est temps, chère sœur, ou nous périrons de froid et de misère.

Je suis avec la plus parfaite tendresse, ma chère sœur, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.


11671. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

[Freiberg, 13 décembre 1759.]3

Chiffre. Prince Ferdinand!

Nos malheurs sont venus coup sur coup, et ce qui m'inquiétait prodigieusement, c'était la marche de Beck sur Torgau. Il n'y a rien fait et s'est heureusement replié sur Grossenhain. Toute l'armée autrichienne est entre Dresde, Pirna, Dippoldiswalde et Gieshübel. Il s'agit à présent de l'obliger à se replier sur la Bohême.

J'attends vos secours avec impatience; je suis, sans eux, trop faible pour agir, mais, à leur arrivée, je crois que l'ennemi se retirera; sinon, il faudra me porter sur Dippoldiswalde, pour en déloger Sincere et forcer Daun à s'en retourner au plus vite. Je vous prie de me mander aussi dans peu de quel côté vous voulez que votre détachement aille en quartiers d'hiver, pour que je puisse à temps faire préparer eurs étapes et ce qu'il faut pour leur alimentation.

J'espère que la paix s'ensuivra cet hiver, car je vous avoue, après



1 Vom 13. December vergl. auch die „Épître à Voltaire, qui voulait négocier la paix“ in den Œuvres, Bd. 12, S. 119.

2 Das Schreiben der Prinzessin liegt nicht vor. Ueber den Berliner „Propheten“ , den Leineweber Pfannenstiel, vergl. Bd. XVI, 267, sowie das Schreiben des Marquis d'Argens an den König vom 24. December in den Œuvres, Bd. 19, S. 112. Vergl. schon S. 654.

3 Das Datum nach der Ausfertigung. [Generalstabsarchiv.]