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Ce qui m'embarrasse à l'heure qu'il est, ce sont les neiges profondes qui sont tombées ici depuis deux jours, et qui sont bien au delà d'une aune sur terre, de sorte que je ne saurais rien entreprendre efficacement, avant que ces neiges ne commencent à fondre dans les montagnes où je me trouve actuellement. Il n'y a presque pas moyen de passer d'un lieu à un autre. Votre Altesse me connaît trop pour ne pas être persuadée que je n'exagère point les choses; car mes patrouilles de hussards ont bien de la peine à passer, à cause des neiges, les contrées un peu montueuses. Voilà la raison, mon cher Prince, pourquoi j'aurais mieux aimé que le corps que vous m'envoyez, ne s'approchât pas tant de Gera ni ne passât pas par Zwickau, où les montagnes couvertes de neige leur rendront les chemins difficiles à passer, au lieu que, si ce corps se tourne plutôt vers Altenburg, il passera des contrées moins rudes et montueuses et des chemins plus praticables, marchant plus dans la plaine; tout cependant dépend de vos ordres et de la route que vous trouverez bon de prescrire à ce corps, que je voudrais fatiguer le moins que possible.

Je dois, au reste, informer Votre Altesse de ce que je pourrai faire, quand votre corps détaché se sera approché de moi; il n'y aura que de deux choses l'une : ou de le faire avancer jusqu'au Passberg ou Kommotau, où je le ferai devancer par un corps de mes troupes légères qui poussera1 jusqu'à Saatz, pour y ruiner le magasin considérable d'où Daun tire la plus grande partie de sa subsistance, et de replier alors sur votre corps: ou que je tâche de déloger le général Sincere de Dippoldiswalde, afin de resserrer par là Daun, en sorte qu'il se voie obligé de repasser en Bohême. Dans l'un ou l'autre cas, les neiges me mettront des obstacles, en sorte qu'il faudra attendre leur fonte par un temps plus doux que le présent. Je me flatte de pouvoir bientôt vous donner de bonnes nouvelles de ma part.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.


11677. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

[Freiberg,] 16 [décembre 1759].

Mon cher Frère. Je reçois les deux lettres que vous avez la bonté de m'envoyer avec la carte, dont je vous rends grâce.2 Je vous communique une lettre de Varsovie par laquelle vous verrez comme nos ennemis pensent sur votre sujet,3 et que le projet de soutenir Dresde



1 Nach dem Concept; Ausfertigung: fixera.

2 Eine Karte der Umgegend von Dippoldiswalde. Vergl. Nr. 11672.

3 Es ist ein Bericht Benoît's, d. d. Warschau 4. December. Benoît berichtet über den Eindruck, den die Gefangennahme des Finck'schen Corps auf die Feinde des Königs gemacht hat und fährt dann fort: „Les éloges qu'ils sont encore forcés de faire à cette occasion sur tout ce que Votre Majesté a entrepris, principalement après la bataille de Francfort, sont tels qu'on doit les exiger. Ceci me soulage, aussi bien que les éloges que nos ennemis donnent à Son Altesse le prince Henri. Les courriers, qui sont arrivés ici de l'armée autrichienne, disent unanimement qu'on ne saurait s'imaginer combien on y craint ce Prince et le cas respectueux que Daun et tous ses généraux en font.“