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11692. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Freiberg, 21 décembre1 1759.

Je remercie Votre Altesse de tout mon cœur de Ses deux lettres du 16 de ce mois. Selon mes nouvelles et une lettre que j'ai reçue du Prince héréditaire, il sera aujourd'hui à Gera où il fera demain jour de repos. Je lui y ai envoyé un de mes officiers,2 pour concerter tout avec lui ce qui regarde sa marche pour nous approcher, et je l'ai mis moi-même au fait par écrit sur tout ce qui regarde les circonstances présentes dans ce pays-ci,3 autant que je saurais les pénétrer. J'espère que, dès que le maréchal Daun verra que ma jonction avec le Prince devient sérieuse, il décampera de lui-même pour se replier sur la Bohême; et malgré tous les grands revers que j'ai eus à essuyer pendant cette campagne, j'ai lieu d'espérer qu'à sa fin mes affaires se trouveront dans la même situation de l'année passée et avant le commencement de la campagne; et voilà tout ce que l'on saurait prétendre de nous.

Je ne doute pas que les Français ne fassent encore les Gascons vis-à-vis de vous et même des ostentations;4 mais j'ai peine à croire qu'ils voudraient les réaliser, je crois plutôt que leur projet est de tenir la campagne, et de rester assemblés jusqu'à ce qu'ils sachent la retraite de Daun, ce dont je souhaite et j'espère de vous donner en peu de bonnes nouvelles.

Nous sommes encore, mon cher, dans de grands embarras, dont vous jugerez mieux qu'un autre, par la connaissance locale du terrain;5 si je m'en tire, je vous en aurai l'obligation, ainsi qu'à mes fidèles alliés. Nous avons beaucoup de choses qui font bien augurer, mais je suis si accoutumé, surtout depuis cette année, aux trahisons de la fortune que je n'ose plus assurer de rien.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.



1 Dem Gesandten von Plotho in Regensburg, der sich für den Eintritt eines Officiers der französischen Schweizergarde in den preussischen Dienst verwendet hatte, antwortet der König, Freiberg 21. December: „II ne s'agit point, pour prendre des engagements avec des étrangers, ni de la beauté de la taille ni de la bonne figure; mais il faut s'enquérir plutôt si pareil sujet a bien servi jusques-là avec honneur et réputation, s'il est brave et de bonne conduite.“ Plotho soll die Sache fallen lassen. [Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin.]

2 Vergl. S. 708.

3 Vergl. Nr. 11690.

4 Im Concept: „et qui ne voudront faire des ostentations“ .

5 Vergl. S. 644.