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10721. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Breslau, 14 février 1759.1

Comme je viens de recevoir de très bonne part la copie d'une lettre qui contient des particularités tout-à-fait intéressantes, je n'ai pas voulu manquer de vous en communiquer tout son contenu, quoique seulement pour votre unique direction et en vous priant d'en faire le plus grand secret et de la conserver sous votre propre garde, afin que personne n'en puisse être instruit.

J'ai fait mes réflexions là-dessus, et je crois que les Russes et les Suédois peuvent bien avoir pensé à quelque chose de pareil et formé des projets sur Stettin; mais comme les circonstances des Suédois ont beaucoup changé depuis en Poméranie, et qu'ils se trouvent dans une triste situation et hors d'état de contribuer quelque chose à un commun siège avec les Russes, tant de Colberg que de Stettin, et que j'espère que l'on les tiendra encore dans cet état d'affaiblissement, je me doute aussi que ce plan aura souffert quelque altération.

Federic.

Je viens2 de recevoir de nouveau des avis que la cour de Pétersbourg a fait donner des assurances très fortes qu'elle ouvrirait bientôt la campagne par le siège de Stettin, qu'elle veut faire conjointement avec les Suédois. La cour de Vienne travaille à faire changer ce dessein, pour attirer l'armée russienne sur les bords de l'Oder, puisqu'elle craint que le siège et les préparatifs qu'une entreprise de cette importance demande, fourniront au général Fermor, dont on se défie, des prétextes pour ne pas agir avec cette vigueur qu'on prétend mettre cette année dans les opérations. On a fait valoir, à ce qu'on m'assure, l'état actuel des affaires de Poméranie, pour presser la Russie de donner des ordres précis à M. Fermor d'entreprendre quelque diversion, dans le dessein, sans doute, de faire paraître les Russes d'autant plus tôt sur la scène; mais mon correspondant croit que, si le général Tillier, envoyé à Pétersbourg, ne parvient pas à opérer un changement, on sera obligé d'entrer dans les vues de la Russie, qui paraît jusqu'ici ne vouloir pas démordre du projet d'assiéger Stettin.

Il m'assure, au reste, que le plan de la cour de Vienne est de faire agir ses armées et celle de l'Empire sur l'Elbe et sur l'Oder; que les armées françaises s'uniront peut-être pour pouvoir agir avec d'autant plus de vigueur contre le prince Ferdinand, afin de s'approcher de même de la Saxe, et qu'on espère que les troupes russiennes et suédoises pourront se porter aussi vers ces deux fleuves.

Je puis donner ces avis comme venant d'une personne très instruite; mais je ne saurais assez prier de les vouloir ménager comme un secret qui m'a été fortement recommandé.

Das Hauptschreiben nach der Ausfertigung. Die Beilage nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


10722. AN DEN OBERST VON HACKE IN GLOGAU.

Breslau, 14. Februar 1759.

Ich habe Euer Schreiben vom 12. dieses erhalten und danke Euch recht sehr vor die Mir darin gemeldete Nachrichten. Ich will auch, dass Ihr kein Geld noch Bemühungen sparen sollet, um von den ge-



1 Der nämliche Erlass ergeht gleichzeitig an Dohna.

2 Das folgende nach einem am 10. Februar von Finckenstein übersandten Auszug aus dem Schreiben Münchhausen's, d. d. Hannover 4. Februar.