<729> repartiront, et que tout aura été à pure perte, sans que nous en soyons mieux que nous avons été, et que nous serons obligés de passer l'hiver dans la situation abominable où nous sommes.

J'en ai le cœur navré, mais je n'y vois point de remède; car vous sentez comme moi que je ne dois attaquer l'ennemi qu'avec espérance de réussir: je pense, en y allant, plus à la retraite qu'à la victoire. Le temps si peu favorable avec cela nous fournit mille autres difficultés. Enfin, il faut y aller et voir si l'ennemi fera des fautes, pour en profiter; mais s'il n'en fait point, nous retombons dans la situation dont nous sommes partis. Cela m'attriste d'autant plus que la perspective pour l'avenir n'en devient que plus affreuse. Je vous parle à cœur ouvert, et je vous avoue que, malgré toute la fermeté possible, ma constance en est ébranlée.

Je suis avec la plus parfaite tendresse, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


11722. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

301 [décembre 1759].

Mon cher Frère. Il n'est que trop décidé que nos affaires sont en mauvais état; mais que voulez-vous? Il y a eu bien du malheur, et certainement peu de ma faute. Voilà le prince Ferdinand qui me presse de lui renvoyer au plus tôt les troupes qui sont ici;2 je suis donc obligé de faire un essai, et comme les démonstrations ont été inutiles, il faudra avancer et voir si à notre approche l'ennemi gardera la même contenance.

Je marcherai demain à Pretzschendorf et Frauenstein, et aprèsdemain nous irons reconnaître le poste de Dippoldiswalde, pour voir s'il est attaquable ou non. Si cela se peut, il faut l'attaquer, sinon, inquiéter l'ennemi de façon qu'il ne puisse pas le quitter la nuit, ce qui n'est pas soutenable pendant cette saison et l'obligera peut-être à le quitter. Voilà de bien faibles ressources, mais je n'en ai point d'autres, car la tentative sur le magasin de Saatz3 me paraît plus hasardeuse encore et moins praticable.

Si nous ne pouvons pas déloger l'ennemi de Dippoldiswalde, il n'y a pas apparence que nous puissions regagner Dresde, et nos affaires seront désespérées.

Je vous embrasse, cher frère, en vous assurant de la tendresse parfaite avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



1 Im Datum jedenfalls ein Versehen des Königs. Vergl. das Schreiben des Prinzen vom 28. (bei Schöning a. a. O. S. 212. Nr. 23), welches die Antwort auf obiges bildet.

2 Vergl. Nr. 11719. 11720.

3 Vergl. S. 708. 717.