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10737. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN ET AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Breslau, 24 février 1759.

J''ai bien reçu votre rapport du 9 de ce mois. Comme il m'apprend que vous avez réglé là avec la trésorerie les payements du subside, en sorte que toute la somme vous sera remise entre ci et la fin du mois d'août prochain, je suis bien aise de vous dire que, les termes de ces subsides arrivant successivement l'un après l'autre et sans trop nous presser, de façon que nous n'avons pas à craindre que le change et le prix de l'or montera bien haut, j'aimerais bien que toute la somme sera convertie en or, et qu'il ne se fasse point d'achat en argent, vu la plus grande facilité du transport en or, et que je trouve mieux mon compte avec celui-ci qu'avec de l'argent. Sur quoi je donnerai aussi mes ordres à mes ministres.1

Quant aux affaires publiques, je veux bien vous dire qu'ayant vu, il y a peu [de] temps, une lettre interceptée du sieur de Rouillé2 . . . Mais, ajoute-t-il, on craint toujours en France que la mort du roi d'Espagne ne renverse tous ces beaux projets. Puisque donc les lettres de Madrid du 13 janvier annoncent la mort du roi d'Espagne comme très prochaine,3 il faut espérer qu'elle opérera une grande diversion dans les projets de nos ennemis. Quant au roi de Sardaigne, je crois qu'il s'entend sûrement avec le roi des Deux-Siciles, d'où, à ce que j'estime, résulteront beaucoup d'heureuses suites pour notre cause commune. L'on assure pour certain que les Autrichiens détachent 26 bataillons en Italie.

Pour ce qui regarde la Porte Ottomane, je saurais bien vous dire que, malgré toutes les nouvelles de l'armement des Turcs,4 il ne paraît pas jusqu'à présent que cela fasse aucune impression, ni sur les Russes ni sur les Autrichiens, qui affectent également une grande sécurité vis-à-vis de la Porte; on débite même à Pétersbourg qu'on y a résolu d'envoyer une ambassade solennelle à Constantinople.

Au reste, mes vœux sincères sont que les entreprises des Anglais sur la Martinique et autres lieux de ce côté-là succèdent parfaitement à leur gré, ce qui sera un grand coup gagné contre la France pour la ramener à une paix raisonnable et générale.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Cabinetserlass an Podewils und Finckenstein, d. d. Breslau 24. Februar. Hinzugefügt ist in diesem, dass die preussischen Gesandten in London rechneten „de pouvoir toucher 100000 livres sterling vers le 20 du courant et successivement après en cinq autres payements le reste de la somme“ . Vergl. auch Nr. 10657.

2 Es folgt der Inhalt des Briefes; vergl. Nr. 10712.

3 Vergl. jedoch S. 77. Anm. 3.

4 Vergl. S. 15. 18.