10637. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL COMTE DE SCHMETTAU A DRESDE.

Breslau, 4 janvier 1759.6-3

J'ai reçu votre rapport du 31 décembre et vous remercie des nouvelles dont vous avez bien voulu m'instruire. Ce que vous me marquez de ce que le Grand-Veneur vous a fait dire de bouche au sujet du succès de sa corvée faite à Varsovie,6-4 me fait présumer que sa cour est encore bien indécise sur le parti qu'elle voudrait prendre, que le maître voit avec indolence souffrir ses États héréditaires, et que le ministre,6-5 n'ayant pas de système que du jour au lendemain, ne s'efforce que de distraire son maître par des frivolités, ne prend guère à cœur le salut de la Saxe et, nullement ami du Grand-Veneur, a prévenu son maître contre tout ce qu'il a voulu lui apprendre de la situation présente de la Saxe, et lui a fait imposer par des contes en l'air. Enfin, quand je combine à cela ce que j'ai appris de Varsovie, que, sur les lamentations que le Grand-Veneur a faites, il n'avait reçu que des réponses très froides et très indifférentes de son maître, et que Brühl doit avoir se6-6 glorié d'avoir triomphé de son antagoniste comme d'un homme qu'il n'aime pas, vous verrez par là combien il est nécessaire que vous observiez ce que je vous ai prescrit par ma lettre antérieure,6-7 afin que<7> le Ministre, malicieux qu'il est, ne sache jamais tourner le voyage du Grand-Veneur comme fait sur mon impulsion, ni de l'avoir chargé de commissions.7-1

Quant au dessein qu'en conséquence de votre rapport la jeune cour doit avoir pris de passer à Munich, ma volonté expresse est que vous ne devez absolument pas permettre que cette jeune cour sorte de Dresde. L'expérience vous doit avoir appris combien sa présence à Dresde nous est utile là contre les vues de l'ennemi sur cette capitale, de sorte que vous devez employer tous vos soins et votre vigilance, afin que la jeune cour ne pourra nullement quitter la ville ni s'en esquiver; sur quoi vous veillerez de plus près.

Pour la dame de Rex,7-2 il faut bien que je la laisse encore à Dresde; vous observerez cependant bien ses menées.

Quant aux deux chasseurs saxons arrêtés à Magdeburg, ils seront remis en liberté.

Federic.

Je ne veux point vous laisser ignorer une anecdote qui m'est revenue au sujet de Wolffersdorff, dont cependant vous ne ferez pas de l'éclat. C'est que, quand celui est débarqué là, et qu'il s'est épanché en lamentations sur la calamiteuse situation de la Saxe, le roi de Pologne, prévenu de Brühl, ne lui a répondu autre chose sinon : « II me faut un loup d'abord après les fêtes », et quand Wolffersdorff a toujours continué à parler avec sensibilité et tristesse, son maître lui a répété : « Wolffersdorff, il me faut un ours », de sorte que n'ayant pu en tirer aucune réponse consolante, Wolffersdorff s'est abattu7-3 chez lui, d'où il n'est plus depuis sorti jusque vers son retour.

Nach dem Concept.7-4



6-3 Vergl. zum 4. Januar auch das Schreiben an Algarotti, Breslau 4. Januar, in den „Œuvres“ Bd. 18, S. 117; die Schreiben an Algarotti, d'Argens, Voltaire u. A. aus diesen Jahren kommen auch für die politischen und militärischen Anschauungen des Königs vielfach in Betracht.

6-4 Vergl. Nr. 10630.

6-5 Graf Brühl.

6-6 So.

6-7 Nr. 10630.

7-1 So. In der Ausfertigung (Preuss a. a. O. S. 19) : „comme si c'était sur mon impulsion de l'avoir chargé de commissions“ .

7-2 Schmettau hatte gemeldet, dass Frau von Rex, „une femme très tracassière“ , Briefe aus Warschau erhalte; es sei am besten, wenn man die Dame zu ihrem Gemahl nach Warschau sende. Es ist jedenfalls die Gemahlin des chursächsischen Conferenzministers Grafen Karl August Rex gemeint.

7-3 So. Es soll wohl heissen: rabattu. In der Ausfertigung: „Wolffersdorff s'est renfermé chez lui sans sortir.“

7-4 Von der bei Preuss a. a. O. S. 19—20 gedruckten Ausfertigung gilt, ebenso wie bei den folgenden Schreiben an Schmettau, das in Anm. 2. S. 2 Gesagte.