10651. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Breslau, 11 janvier 1759.

Mon cher Frère. Je regrette beaucoup la perte de Mayr18-1 dans son genre, puisque c'était un homme dont on aurait encore pu tirer un grand profit. Je ne sais comment le remplacer. Il y a un Collignon qui s'est offert, on peut l'essayer; mais pour trouver un homme aussi capable que le défunt, je crois qu'en fouillant trois armées, on ne l'attraperait pas.

Je suis fort de votre sentiment que les quartiers d'hiver seront paisibles. Il est très sûr, parceque tous les jours les nouvelles s'en confirment que les Turcs remuent, et que les Autrichiens détachent vers la Hongrie.18-2 Dohna pousse les Suédois, et l'on m'écrit de Cœslin que les Russes veulent quitter la Prusse et s'en retourner chez eux; mais c'est ce que je n'ose pas vous garantir.

Je vous recommande tout ce qui est contribution et livraison de recrues; il faut les presser, pour que nous soyons prêts à temps, et s'en remettre au reste au hasard qui dirige toujours les choses d'une manière différente que ne l'avait envisagé la prudence humaine.

Adieu, cher frère, je vous embrasse bien tendrement, vous assurant de la tendresse parfaite avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Je vous renvoie la réponse au comte de Mailly18-3 que vous aurez la bonté de lui faire tenir.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



18-1 Generalmajor Johann von Mayr war am 3. Januar in Plauen gestorben.

18-2 Vergl. S. 1.

18-3 Liegt nicht vor.