11634. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Freiberg, 30 novembre 1759.

Mon cher Frère. Je viens d'arriver ici. Kleist est actuellement de retour de sa patrouille qu'il a faite vers Frauenstein; il dit que des pandours et hussards sont répandus dans tous les villages de ces environs, qu'à Burkersdorf670-4 se trouve leur poste avancé, que l'armée de l'Empire se trouve actuellement autour d'Altenberg : de sorte que je ne vois point clair dans le dessein des ennemis. Je les soupçonne de trois choses : 1° ou ils iront d'Altenberg en Bohême, 2° ou ils nous tourneront, pour aller à Chemnitz, 3° ou ils viendront nous attaquer. On croit que nous en pourrons mieux juger demain; patience! Je suspends absolument mon jugement, parceque ces trois choses se trouvent également possibles, et que je n'ai aucun indice jusqu'ici pour soupçonner l'une plutôt que l'autre.

Je vous prie de me mander ce que les espions auront rapporté depuis mon départ; en combinant tout, on peut au moins juger, par<671> quelques probabilités, de l'avenir. Si mes nouvelles de Vienne sont vraies, Daun décampera à coup sûr bientôt; enfin, ou il faut que ces gens s'en aillent ou qu'ils risquent le paquet d'un côté ou d'autre. Qu'il en arrive ce qu'il plaira au Ciel, pourvu que ce soit pour le bien de l'État!

Adieu, cher frère, je suis avec une parfaite tendresse, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



670-4 Nordwestl. von Frauenstein.