10845. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Bolkenhain, 6 avril 1759.

La lettre que Votre Altesse m'a faite du 30 de ce mois,154-3 m'a été bien rendue. Ce que j'avais marqué de mes idées sur les opérations à faire de Votre Altesse154-4, n'a été fait que dans la supposition d'une bonne réussite dans vos opérations et pour vous marquer par là ce qu'il y aura à peu près à faire, toujours dans le cas que vous croyez que vous en saurez profiter. J'ai bien compris que vous ne serez pas à même d'entreprendre le siège de Wesel, sans avoir une artillerie anglaise suffisante pour une entreprise de cette sorte, et comme il faut pour cela un arrangement préalable avec l'Angleterre, voilà principalement ma raison pourquoi je vous en ai écrit, afin que vous puissiez songer à temps à un engagement préalable avec l'Angleterre pour ladite artillerie, pour que, quand vous verrez jour à aller à pareille entreprise.<155> tout soit déjà préalablement arrangé, afin de trouver d'abord ce qu'il faut pour une telle entreprise.

Quant à votre expédition présente, je vous souhaite mille et mille bonheurs et suis dans la forte persuasion qu'elle réussira certainement. Avec tout cela, je ne saurais me défendre de vous dire naturellement que je crains que la ville de Hanau arrêtera vos progrès, vu que les Français, à ce qu'on m'a dit, l'ont bien fortifiée, et que je comprends bien que, dans une expédition que la présente de Votre Altesse, l'on ne sache amener un assez grand train d'artillerie pesante, pour vous emparer de Hanau, à moins qu'il n'y ait une telle bredouille parmi les Français que vous sauriez l'entreprendre avec succès, ce dont je doute cependant. Mais, dans le cas aussi que vous ne saurez pas pousser votre expédition jusqu'à ce point, elle opèrera toujours un grand avantage pour la bonne cause commune, puisque par là l'ennemi se verra fort retardé et arrêté dans ses projets qu'il avait conçus; et je ne saurais pas désavouer que je vous ai la plus grande obligation du monde de ce que vous m'avez nettoyé mon flanc droit, au moins pour un couple de mois, ce qui n'aurait point été fait sans l'expédition de Votre Altesse.

Marschall est avec 36000 sur les frontières de la Haute-Silésie, Sincère155-1 et environ 24 000 hommes couvrent Trautenau et Braunau, Daun est avec la grande armée à Münchengrætz, et, outre cela, le corps de Serbelloni est aux environs d'Eger, Laudon à Kaaden, Kommotau, Teplitz avec 12000 hommes, Beck de Rumburg à Bœhmisch-Friedland avec 10000 encore, et une troupe de Russes est revenue à Posen.

Federic.

Das Hauptschreiben nach dem Concept. Der Zusatz eigenhändig auf der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalslabs155-2 zu Berlin.



154-3 So; statt „du mois passé“ ; vergl. den Bericht, Fulda 30. März, bei Westphalen, a. a. O. Bd. III, S. 214. 215.

154-4 Vergl. S. 129.

155-1 Feldzeugmeister Freiherr Claudius von Sincère.

155-2 Vergl. S. 144. Anm. 3.