11033. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

[Reich-Hennersdorf, 3 juin 1759.]283-1

Chiffre!

Vous avez achevé votre expédition avec autant de gloire que vous l'avez commencée, cela est allé à merveille. Vous aurez sûrement déjà à présent mes lettres relatives au détachement pour Dohna.283-2

Vous aurez reçu depuis deux ou trois de mes dépêches avec toute sorte de lettres conjecturales, cela ne doit pas vous étonner. Je suis obligé de me régler sur l'ennemi, par conséquent de faire mes projets sur les nouvelles que je reçois.

Un officier russe qui a eu une affaire dans leur armée,283-3 et qui s'en sauvant a cherché un asile chez nous, dépose que l'armée russe, forte en tout de 5 2 000 hommes, s'était partagée en deux corps. Fermor qui commande le premier au nombre de 25500 hommes réglés, doit, dit-il, agir contre la Nouvelle-Marche, et Gallitzin, qui en a 17000, doit marcher vers la Silésie. Dohna est averti de tout; l'officier ne sait point quel partage on a fait des troupes légères.

La nouvelle des Autrichiens que je reçois aujourd'hui, confirmée par trois endroits, porte qu'ils se mettront en mouvement demain, que Daun a ordre d'attaquer, à quelque prix que ce soit, et que, pour cet effet, de Ville a été obligé de lui envoyer un renfort de 4 régiments.283-4 Cette dernière circonstance se confirme par des nouvelles certaines de la Haute-Silésie. Je suis bien arrangé, je ne crains rien pour la Basse-Silésie; pourvu que l'ennemi y vienne en force, nous nous en tirerons bien. Le détachement de Marklissa283-5 s'est replié sur la Bohême,<284> Laudon est à Schatzlar avec tout son corps; des déserteurs arrivés aujourd'hui l'ont vu hier ainsi que son camp, de sorte que dans peu leur dessein se développera.

Je vous écrirai tout ce que j'apprends, au risque de me donner un démenti, si mes nouvelles se trouvent fausses. Je vous écrirai tout, tant que j'en aurai l'occasion, et si quelque corps léger des ennemis arrêtait notre correspondance dans la suite, je m'en repose bien sur vous; vous agirez de tête, en combinant à peu près ce que vous pouvez faire avec le tableau général et en contribuant de votre côté, autant que vos circonstances le permettront, au bien des affaires. Pendant cette crise, vous aurez tous les jours de mes lettres, et si quelque chose se décide d'une ou d'autre manière, je trouverai bien des expédients pour vous en informer.

Daun est très fâché que vous n'ayez pas été jusqu'à Nuremberg; l'armée de l'Empire a eu ordre de se retirer à Donauwœrth. On nous prend tous les deux pour des étourdis; mais on apprendra à nous connaître, et quoique nous n'ayons pas la toque papale,284-1 nous avons la cervelle paternelle qui vaut mieux.

Federic.

Nach dem Concept. Eigenhändig.



283-1 Das Datum von Cöper zugesetzt

283-2 Vergl. Nr. 10987. 11005. 11021.

283-3 Vergl. Nr. 11 032.

283-4 Auf einem Berichte des Generalmajors von Bülow, d. d. Lager bei Bärsdorf (nordöstl. von Charlottenbrunn) 3. Juni, finden sich die Weisungen [Bleinotizen] für die Antwort: „Danke für die Nachricht, müsste nur immer mehr einziehen; möchten weder gehauen noch gestochen sein, sollte nur alles schreiben, was ihm die Patrouillen referiren würden. Die Zeitung wäre wahr, dass de Ville 4000 Mann detachirt hätte. Ich hätte noch eine Zeitung, die ich nicht vor positiv [hielte], dass Daun 8 oder 10000 Mann gegen die Lausitz detachiret hätte; nur hier hätten sie noch gar kein Mouvement gemacht.“ In den Weisungen auf dem Berichte Bülow's vom 4. Juni äussert der König, dass die Nachricht, Beck sei vor Braunau gerückt, falsch sein müsse.

283-5 Vergl. S. 277.

284-1 Vergl. S. 197.